En 1999 j’ai 55 ans.
À la recherche d’un nouveau contrat, je suis finalement missionné le 14 juillet 1999 par l’ONG ACTED-Association pour la Coopération et le Développement- pour identifier quelques actions à entreprendre pour la remise en ordre des installations occupées en Albanie par les réfugiés albanais expulsés du Kosovo durant le conflit car c’est pour eux le moment du retour au Kosovo dans leurs domiciles.
L’Albanie (Republika e Shqipërisë) « Pays des aigles », a des frontières communes avec le Monténégro, le Kosovo, la Macédoine et la Grèce. Tirana est la capitale, atteignant presque le million d’habitants.
A l’aéroport, je suis accueilli par Ludmilla, une belle jeune femme. Elle est albanaise, séduisante et n’a aucun mal à me faire passer la frontière, bien qu’ une fois encore je ne sois pas en règle. Normalement la carte d’identité est exigée, mais je n’en ai plus depuis des années ; en général je me débrouille avec mon passeport, mais celui-ci n’est plus valide.
Tout au long de la route qui mène à Tirana j’observe dans les champs d’étranges constructions en forme de demi-sphères posées sur le sol. Elles sont vraiment très nombreuses et de plus en plus à l’approche de la capitale. Intrigué, je demande à Ludmilla de quoi s’agit-il ? « Ce sont nos casemates nos bunkers ! ». La bunkérisation a d’ailleurs épuisé l’économie albanaise, bien que devenu d’une certaine façon symbole du pays : Portes crayons et cendriers en forme de bunkers, avec le slogan « Salutations depuis le pays des bunkers, nous supposons que vous ne pouvez pas vous en payer un grand ».
Ludmilla me conduit à une belle villa, louée par Acted pour y installer ses bureaux et y loger ses expatriés. Au rez-de-chaussée, les bureaux. A l’étage deux chambres et un salon, bien meublés et un petit balcon. Et à l’arrière de la villa l’appartement du propriétaire. C’est bien d’avoir le propriétaire à portée de main en cas de problème !
Par contre j’arrive en plein été et il fait vraiment chaud dans ma chambre, juste sous la toiture. Je dormirai donc sur le balcon. D’où il m’arrivera parfois d’entendre dans le lointain, allongé sur mon sac de couchage, des rafales de mitraillette au milieu de la nuit.
Après la visite de la villa, Ludmilla m’invite à rencontrer notre partenaire, le directeur de Mining Inc, qui nous attend dans un restaurant de la ville. La nuit est tombée, et la pleine lune brille de tous ses éclats.
Nous y voilà, et Ludmilla nous présente le directeur Gence Miftoc de la Mining Inc. Nous prenons tous place, autour d’une table sur la terrasse.
Gence est un partenaire volubile en anglais, jovial, aimable et amical. Il remercie d’abord l’ONG ACTED d’être venue en Albanie et au Kosovo pour aider les réfugiés, les personnes déplacées et les populations albanaises affectées par la guerre du Kosovo. Il nous assure pouvoir compter sur lui, pour quoi que ce soit, en Albanie ; il brode un peu sur le sujet, puis il se lève, appelle un serveur et se saisit de son plateau. Un coup d’œil derrière son épaule, la lune est en place, et il place son plateau juste en dessous. « Voilà, ce qu’ACTED désire, je suis là pour vous l’obtenir ».
« Regardez bien, je vous offre la lune » Pas mal pour un début. Ce gars me plaît.
Un peu plus tard, Gence m’explique qu’étant Directeur des Mines dans son pays, il a été contraint de mettre fin à toute exploitation minière dans le pays, toutes déficitaires, en raison de la vétusté de leur matériel qui n’a pas été renouvelé depuis leur ouverture sous le dictateur Hoxha. Et nous assure qu’il mettra à notre disposition, le matériel de terrassement restant, et le personnel d’encadrement, pour tous travaux humanitaires dont nous pourrions avoir besoin. D’autre part, il se fait fort de nous obtenir toute autorisation administrative nécessaire, grâce aux relations qu’il a entretenues au plus haut niveau dans l’exercice de ses éminentes fonctions. Dont acte. Merci M. Miftoc!
Le lendemain matin, au bureau je fais connaissance avec l’équipe d’ACTED Albanie composée de Ludmilla que je connais déjà, d’Arben le comptable, Murteza le chauffeur, plus un employé de l’antenne éloignée de Peshkopi.
J’organise sur le champ une petite réunion, pour lier connaissance. Arben m’explique rapidement que l’agence, ouverte il y a six mois par Acted traverse une mauvaise passe, il n’y a presque plus d’argent en caisse, et si on ne trouve pas de nouveaux programmes et leurs financements, ce sera la fermeture; et ajoute Arben, la mine déconfite, cela signifie le chômage, sans indemnités en Albanie. Comment pourrons-nous alors nourrir nos familles ?
Ils perçoivent mon arrivée comme leur dernière chance d’obtenir des financements internationaux, et pour cela, il faut élaborer des projets; cependant ils ne connaissent pas les bailleurs de fonds (l’ONU, l’UE par exemple) et ne savent donc pas comment faire. Ils fondent tous leurs espoirs sur mon arrivée, et m’assurent de leur collaboration sans faille.
L’heure est grave : il y a moins de 3000 USD sur le compte en banque.
J’essaye de les rassurer et de leur remonter le moral. Je leur parle de moi, de ma connaissance des bailleurs de fonds et de ma compétence à écrire des projets – aspects techniques et financiers -, et à les exposer devant les donateurs, pour obtenir dans la foulée, les financements nécessaires.
Mais pour cela, j’ai besoin d’eux. Je leur donne la journée pour me soumettre une liste de programmes utiles aux refugiés, que nous pourrions réaliser sans difficulté particulière, à eux de me faire le bon choix et de me faire rencontrer l’entité albanaise qui pourrait être notre partenaire. Car il ne saurait être question de faire un projet sans un partenaire national.
Alors Arben me parle de Gence, qui serait selon lui un excellent partenaire, avec la sphère d’influence qu’il a tissée, depuis des années, en tant que DG de la Mining Inc. Ce témoignage vient renforcer la bonne impression que m’a faite Gence. Une réunion dans l’après-midi, avec ce dernier, m’incite à prendre la Mining Inc. comme partenaire unique.
Le lendemain, l’équipe de Tirana, me propose quelques projets en Albanie, parmi lesquels je retiens :
– Remise en état du stade de Tirana, qui avait accueilli des milliers de réfugiés albanais du Kosovo, pour permettre la reprise du championnat national de football.
– Réhabilitation et extension de l’alimentation en eau potable de la ville de Peshkopi, frontalière avec le Kosovo, et qui avait donc hébergé des milliers de réfugiés albanais du Kosovo.
– Réhabilitation et extension du réseau d’eau potable de Peshkopi, une ville située en montagne sur la route du Kosovo, où Acted a déjà démarré quelques petits projets.
– Nettoyage de la ville de Bulghize. Idem.
De plus, Acted me demandait aussi de me rendre au Kosovo, à Mitrovicca, capitale régionale à cheval sur l’Ibar, le fleuve qui sépare les deux ethnies ennemies. Au sud, les kosovars musulmans d’origine albanaise et au nord les kosovars orthodoxes d’origine serbe.Tout serbe se rendant dans la partie albanaise de la ville risquait d’être lynché; et tout albanais se risquant dans la partie serbe, idem. Il y a cependant un moratoire à cette barbarie, concernant les chauffeurs de taxi, pourvu qu’ils ne sortent pas de leur bagnole.
Je devais identifier et formaliser d’autres projets. Puis, ceci fait, me rendre à Pristina la capitale pour la recherche de financements en consultant les bailleurs de fonds en train d’y installer leurs agences. La guerre du Kosovo est finie depuis un mois. Il faut maintenant s’occuper des survivants, des réfugiés et gérer le « Fund Raising ».
Partis le matin de Peshkopi, nous nous arrêtons au pied du mont Geravica pour déguster un bon bordj, bien chaud et énergétique, la soupe nationale de l’Albanie.
Puis nous continuons notre route vers la Macédoine ; la contrée est montagneuse, le froid est intense et les rivières gelées laissent entrevoir çà et là de belles cascades de glace. Les sapins sont recouverts de neige.
Nous passons la frontière albano-macédonienne sans même nous arrêter. Les multiples logos bleus – HCR – collés sur le capot, les portières et même le toit de notre Toyota 4×4 valent largement un passeport.
Il ne nous reste plus qu’à descendre sur Skopje, la capitale de la Macédoine, que nous atteignons la nuit tombée. Par terre la neige est fraîche, avec la nuit le froid s’est amplifié.
Nous nous garons à deux pas d’un grand bar-restaurant, et à peine entrés sommes pris par un flot de musique, un tourbillon de danse. De jolies blondes grandes, élancées, vont et viennent, le sourire aux lèvres, élégantes dans leur pourpoint rouge avec chacune son petit bonnet de Père Noël. Nous nous retrouvons chacun avec une pizza et un verre de rosé.
Un bon café bien serré et il nous faut reprendre la route vers le Kosovo.
Nous venions de quitter un enfer, l’Albanie, un pays en plein sous-développement ; l’Afrique blanche en quelque sorte, sortant tout juste d’une guerre civile, et on y entendait encore la nuit des rafales de kalachnikov. Et nous ne serons restés qu’une heure à Skopje, capitale d’un pays en paix bien agréable, la Macédoine avec ses jolies serveuses… et il nous fallait retourner maintenant vers un autre enfer, le Kosovo.
Schématique d’un bunker QZ.
Le bunker QZ est la création de l’ingénieur militaire Josif Zengali, qui sert dans les Partisans pendant la Seconde Guerre mondiale et est entrainé par l’Union soviétique après la guerre[19]. Il remarque que les fortifications en dôme étaient résistantes à l’artillerie et aux bombes, qui ricochaient dessus[8]. Il utilise cette connaissance pour concevoir les bunkers dômes. Hoxha est initialement ravi de ce design et ordonne la construction de milliers de ces bunkers[8]. Zengali est lui-même promu colonel et devient ingénieur en chef du ministère de la défense albanais. Toutefois, la paranoïa de Hoxha le conduit à subir une purge en 1974 et à être emprisonné pendant 8 ans sur de fausses accusations de « sabotage » et d’« agent de l’étranger ». Sa femme perd la raison et sa famille est évitée par ses amis et connaissances ; sa fille meurt également d’un cancer du sein. Zengali déclare plus tard qu’il s’agit « d’un destin douloureux et tragique non seulement pour moi et ma famille mais pour les milliers et les milliers de telles familles en Albanie qui ont connu la dictature d’Enver Hoxha. »[19] Ses expériences sont plus tard utilisées comme base de Kolonel Bunker, un film du réalisateur albanais Kujtim Çashku sorti en 1996[7].
Bunkers de commande et contrôle
Les bunkers de commande et de contrôle, connus comme Pike Zjarri (« point de tir ») ou bunkers PZ, sont également préfabriqués et assemblés sur site. Ils sont nettement plus grands et lourds que les bunkers QZ, avec un diamètre de 8 m. Ils sont conçus à partir d’une série de tranches de béton, chacune pesant 8 ou 9 tonnes, assemblées ensemble pour former un dôme. Assemblés, ils pèsent entre 350 et 400 tonnes[17].
Schématique d’un bunker PZ.
Il existe également une troisième catégorie de « structures spéciales » plus grandes aux buts stratégiques[20]. Les plus grandes sont des complexes de bunkers creusés dans les montagnes. À Linza près de la capitale Tirana, un réseau de tunnels de 2 km de long est construit pour protéger les membres du ministère de l’Intérieur et de la Sigurimi, la police secrète, d’une attaque nucléaire[16]. Ailleurs, des milliers de kilomètres de tunnels sont creusés pour abriter des personnalités politiques, militaires et industrielles. L’Albanie serait le pays comportant le plus de tunnels après la Corée du Nord[19]. Ces tunnels sont construits dans le plus grand secret. Les équipes ne sont pas autorisées à voir leur construction d’un bout à l’autre, mais sont distribuées d’un site à l’autre tous les mois[16].
Le programme de bunkérisation épuise massivement l’économie albanaise. On estime que la construction des bunkers coûte deux fois plus que la Ligne Maginot en France, consommant trois fois plus de béton[21]. Le programme détourne des ressources d’autres formes de développement, comme les routes ou les bâtiments résidentiels. En moyenne, ils coûteraient l’équivalent d’un appartement de deux pièces et les ressources qu’ils utilisent auraient pu résoudre la pénurie chronique d’habitations en Albanie[22]. Selon Josif Zegali, construire 20 petits bunkers coûte autant que construire un kilomètre de route. Par ailleurs, entre 70 et 100 personnes meurent tous les ans dans leur construction[19]. De plus, ils occupent et bloquent une surface importante de terre arable[22].
La bunkerisation du pays a des effets qui vont au-delà de leur omniprésence physique. Les bunkers sont présentés par le Parti comme un symbole et un moyen pratique d’empêcher l’assujettissement de l’Albanie à des puissances étrangères, mais également comme une expression concrète de la politique d’isolation de Hoxha — garder le monde extérieur à distance. Les Albanais les voient en revanche comme un symbole d’oppression, d’intimidation et de contrôle. L’écrivain Ismail Kadareles utilise dans son roman de 1996 La Pyramide pour symboliser la brutalité du régime de Hoxha, tandis que Çashku les caractérise comme « un symbole de totalitarisme » à cause de la « psychologie d’isolation » qu’ils représentent[7]. La xénophobie du régime conduit à créer une mentalité de siège et un sentiment d’urgence constante[7].
La stratégie hoxhienne de « guerre du peuple » provoque également des frictions avec les forces armées albanaises. Les bunkers ont peu de valeur militaire par rapport à une armée professionnelle conventionnellement équipée et organisée. Dans les termes d’un commentateur, « Combien de temps peut tenir un homme dans chaque bunker ? Comment le réapprovisionner ? Comment communiqueraient-ils les uns avec les autres ? »[23]. Le général Beqir Balluku, ministre de la défense et membre du Politburo, critique publiquement le système des bunkers dans un discours de 1974 et conteste le sentiment de Hoxha que l’Albanie est sous menace égale des États-Unis et de l’Union soviétique[5]. Il soutient que l’Albanie a besoin d’une armée professionnelle moderne et bien équipée plutôt qu’une milice civile mal entrainée. Hoxha fait arrêter Ballaku, l’accuse d’être un agent des Chinois et de préparer un coup militaire. Surnommé « l’archi-traître Ballaku », le général et ses associés sont condamnés et punis selon « les lois de la dictature du prolétariat » — signifiant qu’ils sont exécutés[5].
D’autres figures militaires, comme le concepteur des bunkers Josif Zegali, sont prises dans les purges de 1974[19]. L’introduction d’une nouvelle constitution deux ans plus tard scelle le contrôle absolu de Hoxha sur l’armée en lui permettant de nommer le commandant en chef des forces armées et le président du conseil de défense[5].
Le programme de bunkérisation est stoppé dès la mort de Hoxha en 1985, laissant les villes et la campagne albanaises constellées d’innombrables bunkers inutiles[8]. Ils dominent toujours le paysage albanais. Un reporter de la BBC décrit en 1998 qu’ils sont omniprésents sur la route entre Tirana et l’aéroport[21]. Leur solidité les rend difficiles à détruire. Certains sont enlevés, particulièrement dans les villes, mais dans la campagne ils sont simplement abandonnés. Certains sont réutilisés comme abris pour animaux ou entrepôts, ou laissés à l’abandon du fait du prix pour les retirer[7]. Pendant la décennie 2010, 40 à 50 % des bunkers ont été détruits, principalement pour récupérer l’acier qu’ils contiennent[1].
Le caractère extrêmement secret du régime communiste fait que les gouvernements ultérieurs manquent d’information sur l’usage qu’il a été fait des bunkers, ou même combien ont été construits. En 2004, des officiels albanais découvrent un stock oublié de 16 tonnes de gaz moutarde et autres armes chimiques dans un bunker.
Dans d’autres endroits, les bunkers abandonnés sont un danger mortel. En 2008, au moins cinq personnes se sont noyées après avoir été prises dans les tourbillons provoqués par les courants marins autour de bunkers enfoncés dans la mer. L’armée albanaise a conduit des programmes de retrait des bunkers le long de la côte, les traînant à l’aide de tanks Type 59modifiés[25],[26].
Bien que les bunkers n’aient jamais connu de conflit réel pendant le règne de Hoxha, certains sont utilisés pendant les conflits des années 1990. Pendant la rébellion de 1997, les habitants de Saranda dans le sud de l’Albanie signalent avoir pris position dans des bunkers autour de la ville face aux combats entre les troupes gouvernementales et les rebelles[27]. Pendant la guerre du Kosovo en 1999, des villages frontaliers d’Albanie sont bombardés par des artilleries serbessitués au Kosovo voisin et les habitants utilisent les bunkers comme abris[28].
Les réfugiés kosovars utilisent les bunkers comme abris temporaires en attendant que les agences d’aide les déplacent dans des camps de toile, tandis que les troupes de l’OTAN stationnées dans le pays réimplantent des douzaines de bunkers pour fortifier leur base de Kukës[23]. Les rebelles de l’armée de libération du Kosovo les utilisent comme positions défensives pendant la guerre[29], non sans risque : en au moins une occasion, ces bunkers le long de la frontière avec le Kosovo sont bombardés par erreur par l’aviation de l’OTAN[30].
Un bunker renversé par des machines, sur la plage à proximité de Fier.
Après la chute du régime communiste en 1990, le pays connait une grave pénurie de logement, conduisant certains Albanais à s’installer dans des bunkers abandonnés[31], bien que l’absence d’eau courante et d’installations sanitaires conduise très rapidement à les rendre non hygiéniques. Certains bunkers connaissent un destin plus créatifs. Dans la ville côtière de Durrës, un bunker a été transformé en Restaurant Bunkeri[7].
Diverses suggestions ont été émises pour savoir quoi en faire : des fours à pizza, des fours solaires, des ruches, des fermes à champignons, des salles de projection pour cinéma en drive-in, des cabines de bains, des pots de fleurs géants, des auberges de jeunesse ou des kiosques[32]. Certains Albanais les utilisent à des fins plus romantiques[2]. Certains sont transformés en boîtes de nuit, en bars, en magasins de souvenirs, ou en abris pour randonneurs[33].
D’une certaine façon, les bunkers sont devenus un symbole du pays. Des portes-crayons et des cendriers en forme de bunkers sont devenus l’un des souvenirs touristiques les plus populaires du pays[7]. L’une de ces gammes de souvenirs a été promue avec le slogan suivant : « salutations depuis le pays des bunkers. Nous supposons que vous ne pouvez pas vous en payer un grand[34]. »
Vestige d’une époque révolue d’intense paranoïa obsidionale, le bunker est devenu symbole touristique du pays.
https://youtu.be/Zm4T9pB9MFw