Francis Cabrel me rapproche de toi petite Marie, à 50 ans d’intervalle.
You Tube Petite Marie
/Petite Marie, je parle de toi Parce qu’avec ta petite voix Tes petites manies, tu as versé sur ma vie Des milliers de roses Petite furie, je me bats pour toi Pour que dans dix mille ans de ça On se retrouve à l’abri, sous un ciel aussi joli Que des milliers de roses Je viens du ciel et les étoiles entre elles Ne parlent que de toi D’un musicien qui fait jouer ses mains Sur un morceau de bois De leur amour plus bleu que le ciel autour Petite Marie, je t’attends transi Sous une tuile de ton toit Le vent de la nuit froide me renvoie la ballade Que j’avais écrite pour toi Petite furie, tu dis que la vie C’est une bague à chaque doigt Au soleil de Floride, moi mes poches sont vides Et mes yeux pleurent de froid Je viens du ciel et les étoiles entre elles Ne parlent que de toi D’un musicien qui fait jouer ses mains Sur un morceau de bois De leur amour plus bleu que le ciel autour Dans la pénombre de ta rue Petite Marie, m’entends-tu? Je n’attends plus que toi pour partir Dans la pénombre de ta rue Petite Marie, m’entends-tu? Je n’attends plus que toi pour partir Je viens du ciel et les étoiles entre elles Ne parlent que de toi D’un musicien qui fait jouer ses mains Sur un morceau de bois De leur amour plus bleu que le ciel autour
SONAFOR 1
Sénégal 1 1986 42 ans
Après ce bref passage en Côte d’Ivoire, je rejoins le Sénégal pour m’installer à Dakar et prendre mon poste à la SONAFOR. Nous sommes en 1986, j’ai 42 ans, je ne connais rien de la société africaine. Mais je n’allais pas tarder par immersion totale, à en apprendre beaucoup.
La SONAFOR
DG de la SONAFOR, société nationale de forages du Sénégal, me voilà, du jour au lendemain parachuté directeur d’une centaine de travailleurs sénégalais….
Je peux le faire! : Yes I can!
Dès le départ ça a bien fonctionné grâce à la cordialité de mon ami Boubacar Koné, qui, de tout cœur m’a transmis sa grande connaissance de l’entreprise. Il en est l’actuel Directeur Technique mais de plus, il avait été aussi l’adjoint des trois anciens Dg, depuis la création de la Sonafor, dix ans auparavant.
Je ne crois pas me tromper en disant que ceux-ci s’étaient bien servis, sur la bête, en pratiquant le sport national (à l’époque!) du détournement de fonds. Par exemple faire faire des forages par la Sonafor et en détourner le paiement sur son compte personnel..c’est exactement comme ça qu’on fait couler une boîte. J’ai retenu les prénoms de deux d’entre eux: Bab et Amadou, qui ont terminé ce petit jeu en prison.
A Dakar, sur une vaste concession, un immeuble de bureaux de deux étages regroupait au rez de chaussée et premier étage l’administration et les transmissions radio. La Direction Générale avait le dernier.
Bien installé derrière mon bureau au 3ème étage de l’immeuble de direction, contemplant la table de réunion, nappée d’un feutre vert la faisant ressembler à un billard tout neuf, et bien à l’abri de mes deux secrétaires de direction, chargées entre autre de filtrer les visiteurs, je mesure avec satisfaction le chemin accompli, en deux semaines seulement de Tahiti à Dakar.
A Papeete en 1976, j’étais le petit patron de la plus petite entreprise du Territoire (2 mangaréviens – Bernard et Gabriel, et moi même) et maintenant me voilà DG de la 1ère entreprise de forages du Sénégal, avec une centaine d’employés. « Un Grand Patron », en quelque sorte, en tout cas comme le disent mes amis africains.
La Sonafor basée à Dakar, était une entreprise du groupe franco-ivoirien SEEE, basé à Abidjan, rue des foreurs. Ce groupe avait en effet gagné un appel d’offres international lancé par le ministère de l’eau du Sénégal; et à ce titre s’était vu confier la reprise de la Sonafor, à travers la S.E.S. société de gestion de la Sonafor. Mais le nom de SONAFOR étant très bien connu à Dakar, où on l’évoquait avec respect, on le gardera donc pour la nouvelle gestion.
Cependant cette nouvelle gestion, battait de l’aile et un nouveau Dg était requis. Etant chômeur depuis mon retour de Tahiti, il ne m’aura fallu qu’un dîner entre amis à Paris, un coup de fil le lendemain et une rencontre d’une heure le surlendemain avec le PDG du groupe pour décrocher le contrat. Je crois qu’il avait apprécié en particulier mon style très proche de celui des géologues du BRGM (bureau français de recherche géologique et minières) qui avait obtenu, de son côté, des contrats de surveillance de multiples programmes de forages dont ceux de la Sonafor. En tout cas, le PDG s’est mis à me tutoyer tout de suite.
Comme le disait Jacques, notre contrôleur d’Abidjan « c’est vrai Xavier, tu as un très bon premier contact » et après une courte pose, avec un sourire narquois: « mais c’est après que ça se gâte ».
Dakar: la SONAFOR
Le lendemain, Jacques et moi atterrissions à Dakar, sur le tarmak de l’aéroport « des Mamelles », qui tire son nom de deux collines avoisinantes, affectant globalement, la forme d’une poitrine féminine (un peu plate, toutefois). Présentations au personnel de la Sonafor et à son PDG, le secrétaire général du Grand Khalif des Mourrides. Il s’agit d’un groupe religieux, pratiquant l’Islam, dont les fidèles constituent plus de la moitié de la population sénégalaise. Avant chaque élection présidentielle, le président Abdou Diouf, qui avait succédé au célèbre poéte Léopold Cedar Senghor, prenait bien garde à rendre visite au Khalif général des Mourides pour solliciter ses bonnes grâces donc celles de ses électeurs.
Jacques avait prévu deux ou trois jours à Dakar, le temps de me présenter à l’ambassade de France, au ministère de l’hydraulique, aux bailleurs de fonds, et aux ingénieurs du BRGM, qui doivent contrôler nos travaux sur plusieurs de nos programmes. Visite également aux deux autres entreprises privées de forage qui sont les agences sénégalaises de grands groupes français: Sasif et Intrafor-Cofor. Nous sommes concurrents certes, mais nos relations sont cordiales. La plaie des foreurs, c’est la panne:l’approvisionnement à partir de la métropole des pièces de rechange. En fait à l’arrivée nos pièces de rechange sont le plus souvent bloquées en douane. A la Sonafor, le nommé Ndiaba Gueye, avait été désigné de longue date pour aller négocier et distribuer les bakchshich. Alors seulement les pièces nous étaient remises. Il faut savoir, et les douaniers le savaient qu’ un atelier de forage immobilisé coûte très cher, chaque jour, à l’entreprise.
Les douaniers étaient des hommes riches car ils agissaient de même avec tous les importateurs. Les plus nombreux étant les libanais, qui importaient par conteneurs entiers et ne venaient jamais en douane sans de multiples liasses de billets rouges. C’était la règle et nul ne pouvait y déroger.
Entre foreurs pour réduire les arrêts dûs aux pannes, nous étions convenus donc convenu d’une solidarité mutuelle. S’il manque une pièce à l’une des trois entreprises, celle-ci pourra solliciter les deux autres. C’est un principe général adopté par toutes les entreprises de forage en afrique. Parce que ces problèmes de douane étaient récurrents dans tous les pays d’afrique.
De retour au bureau, avec Jacques nous nous concentrons sur l’organisation des campagnes de forages que la Sonafor a en commande. Nous avions trois anciennes foreuses à cable type Failing Jeda 1 et 2, capable de forer jusqu’à 800 mètres de profondeur, Des machines couramment utilisées dans la recherche pétrolière. Plus une quatrième, achetée tout récemment en Hollande chez Stenwick et doté des équipements pour le forage à l’air comprimé, optimal pour les socles rocheux.
Mon point fort qui a sûrement retenu l’attention du PDG, lors de mon entretien d’embauche: j’avais à Tahiti réalisé moi même avec ma foreuse des forages à l’air comprimé.
Cependant il nous faut embaucher un chef foreur pour la campagne de 200 forages au Sénégal oriental. C’est une zone isolée perdue au confin du Burkina Faso.
Sénégal Oriental
Il s’agit d’hydraulique villageoise: un forage de cent mètres de profondeur pour chaque village. Chacun de ces forages sera équipé d’une pompe à main, et les femmes viendront y remplir leurs jerricans en pompant elles mêmes.
Le progrès est évident puisque le forage sera réalisé à proximité immédiate du village ce qui évitera aux mamans de parcourir a pied, chaque jour des tas de km (la corvée de l’eau). Il faut remarquer que la propagation de ces systèmes d’alimentation en eau potable a été entravée pour plusieures causes: l’entretien défectueux des pompes, de la propreté douteuse autour du forage, la nécessité de la construction de barrières de protection autour du forage, la désignation d’un responsable villageois, la constitution d’une caisse pour payer les réparations, l’élaboration d’un réseau de réparateurs régionaux. Et aussi à cause du vieillissement des dalles carrées en béton enserrant le tubage (les margelles) souvent déstabilisées par l’érosion autour du tubage, ce qui entraîne un retour d’eau sale, à l’intérieur des forages. Tout ceci pouvant être cause d’épidémies de maladies hydriques au village, en particulier de choléra. On comprendra donc que les villageois avaient de grandes difficultés, à s’approprier les points d’eau et à en assumer les tâches développées ci-dessus. Sans parler de la conservation de l’eau à la maison avec des habitudes ancestrales qu’il fallait modifier: abandon des jarres en argile, (dont leurs pores s’incrustaient d’impuretés, germes et bactéries), abandon de l’habitude de boire, avec une seule tasse en plastique pour toute la famille, remplie en la plongeant dans l’eau, souvent avec une main sale. Puis une fois l’eau bue, rincée en la replongeant de la même main et jet de cette eau de rinçage, sur place par terre, ce qui attirera les mouches, qui tourbillonnent et se posent sur les yeux des jeunes enfants.
L’onchosercose, n’est pas loin. C’est une maladie hydrique qui fait de très nombreux aveugles en Afrique.
Pour s’en prémunir les villages sont toujours installés à distance des rivières, ce qui les protège également des crues.
Voilà pour la description des problèmes d’alimentation en eau des villages africains.
Finalement, avec tout ce que les africains doivent prendre en charge, pour la pérennisation de leur nouvelle alimentation en eau, c’est un véritable changement de paradigme s’agissant de la vie quotidienne au village!
Il a donc fallu, leur donner des formations et pour ceci, recourir aux services de sociologues dans les projets d’alimentation en eau potable.
Mais ceci est une autre histoire…
Michel Mary
Peu de temps après le retour de Jacques à Abidjan, j’embauche Michel Mary, comme chef du programme de 200 forages au Sénégal Oriental. Il a l’expérience de l’air comprimé et du marteau fond de trou.
Michel était très fort en mécanique et responsable d’un atelier de forage pour l’eau acquise au Gabon et au Burkina Faso.
Il partait donc en pleine brousse avec Amy, et dormait avec elle, sous la tente avec un vieux climatiseur de bureau posé par terre dans l’entrée, et alimenté par un groupe électrogène. Il faut dire que cette région est une des plus chaude du Sahel!
Sous la responsabilité de Michel, une équipe de forage (une dizaine de personnes et une bonne machine). Arrivant dans la zone, en pleine brousse, il engageait un ou deux gardiens et un cuisinier chasseur, pour tirer les cailles et les préparer. Une belle vie en pleine nature que j’aurais aimé vivre moi même.
En fait, il connaissait l’Afrique et les africains beaucoup mieux que moi, qui débutait sur le continent. Il m’a donc donné de bons conseils et moi qui ne connaissait ni l’Afrique, ni les africains, ni le forage, ni la direction générale d’une entreprise (la Sonafor) d’un centaine d’employés, il m’a encouragé et conseillé. Alors en plus de ses déplacements en brousse, il était responsable de l’équipe de mécaniciens de l’entreprise, et assurait l’entretien des grosses machines (modèles employés souvent dans la recherche pétrolière) et c’était donc de la grosse mécanique.
Après il nous à aidé au Burkina Faso à monter des activités de forages d’eau potable.
Finalement, comme moi, Michel aura consacré sa vie à l’alimentation en eau potable des êtres humains, et ce fût un très beau métier.
Une fois il avait acheté à Dakar, pendant mon absence, une peugeot d’occasion , conduite intérieure, et l’avait entièrement refaite, éliminant le toit pour la transformer en coupé sport. Et une peinture au pistolet rouge toute neuve. Il avait fait tout ça en quelques jours avec trois employés de la Sonafor, carrossier, mécanos et peintre.
A mon retour de mission, il m’en a fait cadeau! Sympa, n’est ce pas?
Il est donc maintenant au paradis des foreurs, et ce n’est sûrement pas un endroit triste. On dit que quand un foreur rencontre un autre foreur, ils se racontent des histoires de foreurs, que seuls les initiés peuvent suivre.
Qu’il me garde une place, le moment venu pour alimenter ces conversations!
Michel, si tu nous entends de là haut, je t’embrasse bien fort et j’écrase une larme après avoir évoqué cette fameuse époque,
Pour ton petit Marcel et sa maman Amy.
Mais je reviens au début de la campagne confiée à Michel au Sénégal Oriental. Pas de chance, après quelques forages, sa foreuse, la CME, tombe en panne. Michel démonte et réalise que le marteau fond de trou est hors service.
A l’époque il n’y avait pas encore de téléphones portables, et les communications entre la base et les chantiers s’effectuaient tout les matins, à 7h00, par radio B.L.U.
Il faut donc que Michel revienne à Dakar, pour vérifier et prendre en charge le marteau de rechange, puis il repartira à l’autre bout du pays. Ça lui fait en gros 1500 km à parcourir le plus vite possible. Il prend donc le départ au volant de son 4×4 vers 10 h, et emmène avec lui Amy, qui lui tiendra compagnie et l’aidera à tenir le coup pendant la nuit. Premier arrêt à Kidira (frontière Mali, Sénégal). Alors qu’il ne sort même pas du Sénégal, les douaniers l’interpellent. Michel, qui est plutôt direct avec les africains, leur parlent avec l’accent du colon.
Le ton monte, d’autant plus que Michel avait croqué de la noix de cola, pour rester bien éveillé au volant. Du coup il était un peu sur les nerfs.
Un inspecteur vient pour contrôler les papiers, Michel lui remet son permis. On lui dit de sortir du véhicule. Il sort. Puis particulièrement énervé, sans réfléchir, il y remonte en claquant la porte, et démarre brusquement.
Mais le problème, c’est que la veste de l’inspecteur est coincée dans la portière et que Michel ne s’en est pas aperçu tout de suite.
Il roule une dizaine de mètres, puis rouvre la porte. L’inspecteur libéré tombe par terre.
Il reste environ 600 km à Michel et Amy pour atteindre Dakar.
Cependant, il ne faut pas rouler la nuit en brousse, c’est trop dangeureux: charrettes ou voitures sans lumière, animaux errants, barrages de police sans signalisation..etc.
Du reste, la semaine dernière Boccar Cisse, chef du service de suivi des forages au ministère de l’hydraulique, en mission sur le chantier de Michel, a trouvé la mort sur le chemin du retour à Dakar! Un accident terrible, sa voiture percutant de plein fouet l’arrière d’un semi-remorque garé sur la droite, sans doute sans aucun éclairage. A moins que le chauffeur ne se soit endormi…
Michel et Amy se pointent chez moi vers 6h du matin. Ils ont roulé toute la nuit et doivent maintenant dormir.
En fin d’après midi quand je rentre du travail, ils m’expliquent le problème avec l’inspecteur de police.
On conclue que la police ne vas pas tarder à retrouver Michel, à cause du permis de conduire. Une seule solution pour lui éviter séance tenante la prison: lui trouver un protecteur sénégalais. Boubakar Kone a joué le jeu, mais a eu beaucoup de mal à convaincre l’inspecteur qui était revenu à Dakar. En fait c’est la nécessité de reprendre les forages, la notoriété de la Sonafor, l’insistance de Boubakar, puis l’intervention de son PDG, le Secrétaire Général du Grand Khalif des Mourrides, qui auront pu éviter à Michel les affres de la prison africaine. On peut parier aussi que moults billets rouges ont dédommagé l’inspecteur de police, c’était bien la moindre des choses!.
Après cet épisode, Michel et Amy sont retournés au Sénégal Oriental, et les deux cent forages réalisés, les villages ont bien été équipés pour l’eau potable.