Mali 2
« Le lecteur se gardera de penser que cette histoire est vraie ou qu’elle emprunte à une quelconque réalité connue. Non véritablement, tout est inventé, les personnages, les faits, et le reste, et la preuve en est que le récit se déroule dans un pays lointain dans un univers lointain qui ne ressemble en rien au nôtre ».
Le récit n’est deroulé à la première personne du singulier, que pour être plus percutant ».
Combines et corruption polluent toute l’Afrique. On comprend donc que pour être efficace la corruption doit atteindre toute une chaîne d’individus. A commencer par le premier: le contrôleur en chef c.a.d. votre serviteur, le ci-devant chef de la mission de suivi et de contrôle des travaux. Pour favoriser mon engagement sur ce chemin glissant mais au combien lucratif, le directeur Jean B., de l’entreprise Hydropshitt du groupe Isofor, m’ envoie un signal rassurant en laissant traîner bien en vue sur son bureau, un billet d’avion 1ère classe au nom du fonctionnaire malien responsable du Projet. Puis, prétextant d’un besoin pressant, il me laisse seul, méditatif devant le coupon, offert à mes yeux dans le sens de la lecture.
On m’avait déjà fait le coup au Niger, mais je n’avais pas marché. Par contre, là, j’ai plongé. Mais ce que ça m’a rapporté n’est rien par rapport au fait que ça me pourrit la vie depuis de nombreuses années.
En effet, s’il est plutôt agréable de toucher de l’argent sans rien faire, en contre partie je me retrouve ligoté, obligé d’agir comme expliqué plus haut, à savoir valider des décomptes de travaux volontairement surestimés par l’entreprise, conduisant à des surfacturations injustifiées, pouvant atteindre ou dépasser les 5%.
Et, à la demande de l’entreprise, fermer les yeux, sur certaines malfaçons en certifiant conformes des parties d’ouvrages qui ne le sont pas.
Dès le début de l’entente, pour bien sceller le processus de corruption, le jour même, alors que je suis le soir au restaurant avec Bintou, un individu dépose, discrètement au pied de ma table un sac de sport. Je me rends aux toilettes: 5 millions CFA. Ça fait plaisir, je peux le dire.
Attention, voici ce que jai compris depuis, au fil du temps et des évènements que je relaterai plus loin: déroger aux accords secrets passés avec l’entreprise, et scellés par un premier versement en liquide, serait m’exposer à une répression impitoyable, orchestrée non pas par l’entreprise, mais plûtot par une entité secrète, à mon avis une émanation des plus grandes entreprises françaises…appelons la l’Organisation.
Elle dispose de moyens illimités, en experts, détectives, informaticiens, et en filature, prises de vue, intimidation et déstabilisation, élaboration de complots, établissement de rapports à charge.
Ceux-ci, au moment voulu seront produits au tribunal de mon lieu de résidence, pour me faire condamner non pas de corruption (ce qui reviendrait à tirer une balle dans le genoux de l’entreprise) mais de délits tels que: viols ou détournement de mineures, trafic ou détention d’armes ou de devises…etc) tous passibles de lourdes peines.
Et une fois en prison, ils me feront payer cher, très cher ma trahison envers l’ entreprise. Et c’est finalement ce qui s’est passé:
Amina et Marie sont les deux filles de mon voisin…Je les avais fréquentées et appréciées à Bamako, pendant que Bintou était retournée pour un temps chez ses parents à Niamey.
A peine Bintou partie, Amina avait sonné à la porte du jardin, me déclarant d’entrée qu’elle voulait faire la connaissance de son voisin, c’est-à-dire moi-même. Je m’en souviens comme si ç’était hier ! Elle était une fort belle jeune fille. Je lui propose un bain dans la piscine, mais n’ayant pas son maillot, elle préfère que je lui fasse visiter la villa. .
Dominant la piscine, à une extrémité, un petit salon très luxueux conçu à l’usage exclusif du chef de famille. Murs en verre teinté, moquette moelleuse sur le sol, fauteuil en cuir noir confortable, guéridon mauritanien, laqué noir également et serti de fines parcelles de nacre, climatisation, télévision, téléphone fixe et chaîne hifi ! J’en passe et des meilleurs. La visite continue, nous traversons le petit night-club personnel de Karounga, subtilement décoré de niches creusées dans les murs, et revêtues de moquette rouge cramoisie mettant en valeur, de jolies pièces d’art malien ; et sur le mur du fond un magnifique « bogolan » fait de bois incruste d’ivoire, et représentant un berger avec son chapeau en pyramide, traditionnel, et quelques brebis sur un fond de dunes. Ensuite on traverse le grand salon principal, vide, laissé à l’abandon, si ce n’est un vieux congélateur, fonctionnant en permanence pour conserver quoi ? Une carcasse entière de mouton, qui doit être là depuis le dernier ramadan ! La visite se termine immanquablement par la chambre à coucher principale, puisque chez les africains, c’est toujours la pièce la plus reculée où personne n’est autorisé à rentrer si ce n’est le couple princier, je veux dire les propriétaires. Et là sur le lit, je deviens soudain animal, animal, animal. Et elle aussi, animale, animale, animale, nous voilà donc, tous les deux, animaux, animaux, animaux…
Mon dieu, que ça fait du bien, un quicky comme ça. L’ambiance est détendue !
On pourrait sans doute bavarder un peu, élaborer des projets d’avenir…mais voilà, Amina préfère rentrer chez ses parents, elle doit être contente d’avoir mené à bien présentement son projet de me séduire, et c’est vrai, qu’en me montrant ce qu’on cache d’habitude, (sauf à sa maman ou à son amant), elle m’avait vraiment séduit ! Mais, maintenant, elle ne veut pas que ses parents s’inquiètent. Les pauvres s’ils savaient !… Nous nous sommes revus plusieurs fois, notamment un soir alors que j’avais invité le directeur d’un bureau d’études allemand, qui voulait m’entretenir d’une mission « extraordinaire » qu’il envisageait de me confier, à la fin de mon présent contrat. La cuisinière nous avait préparé un excellent méchoui, accompagné d’une bonne bouteille de rosé de Provence. Et cerise sur le gâteau, un jeune musicien, sept ans à peine, fils de mon voisin et ami, nous régalait de sa douce musique, qu’il tirait d’une Kora ajustée à sa taille.
Tout jeune, et déjà virtuose, Sidiki possédait de la Kora les secrets transmis par son père Amadou Toumani Keita, le meilleur joueur de Kora du monde, mon voisin ! Installés sur la terrasse en marbre, à l’extrémité de la piscine d’un bleu profond et lumineux, avec le joli sourire d’Amina, qui mettait un point d’honneur à faire le service et à partager notre repas, avec ses réparties incompréhensibles. (Elle parlait trop vite, bousculant les mots avec toute la fougue de sa jeunesse), la belle musique du fils d’Amadou Toumani Keita, mon invité et moi accumulant les verres de rosé …Nous étions des pachas au palais des mille et une nuits !
Le projet « extraordinaire » consistait en la réalisation d’un programme d’alimentation en eau potable de 150 villages riverains du fleuve Niger, dans le Macina, entre Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Il était prévu de travailler avec l’ethnie Bozo, traditionnellement seule à trafiquer sur le fleuve : leurs très grandes pirogues, leurs connaissances du fleuve, des villages et des villageois nous seraient très utiles. Bien sûr une pirogue serait aménagée, pour le chef de mission, avec mariage du traditionnel et du moderne…et là, je commençais à rêver.de tribus, de gazelles sauvages. « Je rêvais d’une mission étrangère, d’une mission de filles et de bières, Je voulais vivre d’une autre manière dans un monde de feux. Le soleil sur les flots du Niger, je ne pouvais trouver mieux. Mais, plus tard, après mon départ précipité du Mali, mon invité d’un soir, m’a appelé en France, pour me dire qu’il n’était plus question de présenter ma candidature sur ce projet ! « Maintenant je retourne en arrière, je n’ai pas trouvé ce que je veux. Maintenant je retourne en arrière, je me suis brûlé les yeux, sur mes chantiers véreux, et sur mon 4×4 planté au milieu“.
Mais revenons à Amina. Je concevais très bien que leur père pourrait me tenir rigueur, de ma liaison avec sa fille, s’il l’apprenait. D’ailleurs Marie, sa cadette à laquelle j’avais aussi rendu les honneurs un peu plus tard, me l’avait bien dit : « Xavier, il ne faut plus recommencer ».
Consentement sexuel et machination
Peu après, Jean B. le Directeur du chantier m’invite à l’apéro et pour m’être agréable me propose, si ça peut me rendre service, d’utiliser sa villa, pour mes rendez vous galants. Il me suggère aussi sa piscine. Il me suffira d’appeler son gardien un quart d’heure avant de venir et il me donne son n⁰. Puis nous partons ensemble visiter sa villa. Et pour roder le process, je téléphone à Oumou, une jeune malienne, belle et ô combien désirable, un cadeau divin, pour lui fixer un rendez vous demain à 16 h.
A mon arrivée, avec ma moto, XLR 600, je franchis le portail ouvert. Il se referme immédiatement derrière moi. J’attends l’arrivée de Oumou, sur sa petite mobylette. Eh bien, c’est dans ces conditions idéales que se sont déroulés nos jeux intimes pendant plusieurs mois.
Et c’est alors que se déroule la première phase d’une conspiration à mon égard, mis en place par l’entreprise Hydropschitt
Voilà ce qui s’était passé la veille : Jean B. m’avait téléphoné vers 9 h pour me demander de passer chez lui car, retenu par une réunion à l’extérieur, il avait chargé Amina de me remettre un dossier important. Mais alors que j’attends depuis un moment dans sa villa, c’est finalement sa jeune sœur Marie qui se pointe avec le fameux dossier sous le bras.
Je la reconnais car Moussa, le contrôleur des travaux de construction (Génie Civil) de mon équipe me l’avait présentée quelques jours auparavant, et puis…il me proposait de coucher avec elle, que je trouvais particulièrement attirante. Il m’expliquait qu’elle faisait cela de temps en temps pour un billet rouge, et que lui-même avait fait l’amour plusieurs fois avec elle.
Marie me tend le dossier, puis au lieu de me saluer et de s’en aller, elle m’aguiche en se changeant de chemisier devant moi. Je lui propose alors, tout simplement de faire l’amour avec moi. Et voici sa réponse : « mais Xavier, nous n’avons pas le droit, je suis trop jeune, je n’ai que 15 ans ». Et voici la mienne : « écoute Marie, nous sommes seuls dans la villa, avec la porte fermée à clé, personne ne peut nous voir, ni nous entendre. Voilà, faisons l’amour et je te donnerai un billet rouge ». Alors après une dernière hésitation, « OK Xavier, mais pas ici » et elle m’entraîne vers un lit disposé dans le salon. Je lui propose plutôt d’aller dans la chambre du fond, mais elle insiste pour le lit dans le salon…et j’ai fugacement l’impression que je suis sur le point de commettre un délit, qui pourrait me gâter le reste de mon existence… Fugacement parce que la pression du devoir, cette pression de l’interdit, de la règle, ne s’impose carrément plus du tout à moi, dans le milieu africain dans lequel j’évolue depuis 6 ans. Et la pulsion sexuelle me fait carrément perdre conscience et j’en oublie la loi. Je deviens animal, animal, animal. J’ai alors la conviction que nous sommes filmés pendant nos ébats amoureux. Il est en effet courant que pour consolider le lien entre le contrôleur et l’entreprise, celle-ci mette en place un piège au détriment de celui-ci.
Circonstances atténuantes
Je venais précisément de tomber dans le piège, qui se refermerait sur moi, si j’en venais à manquer à mes engagements tacites avec l’entreprise. Dans cette hypothèse, le film de la séquence érotique décrite ci-dessus et filmée par l’entreprise, constituerait une pièce à conviction majeure pour m’envoyer en prison dès lors que l’entreprise le jugerait nécessaire. Une sorte de garantie pour cette dernière l’assurant de ma fidélité à son égard.
Il faut bien comprendre que ce n’est pas moi qui ait demandé à Marie de me rejoindre dans la villa du directeur des travaux de l’entreprise Hydropshitt….Elle y est venue de son plein gré, sans doute appâtée par la somme que l’Organisation lui proposait. Et notre rencontre avait été soigneusement planifiée par celle-ci. Et sans doute répétée la veille à plusieurs reprises. L’objectif étant d’aboutir à une relation sexuelle juridiquement condamnable. On ne peut pas dire que j’ai abusé de Marie, laquelle après ces premières réserves, a finalement consenti de son plein gré à une relation sexuelle illégale. On pourrait dire par contre que c’est bien plutôt que moi même, l’Organisation qui a corrompu Marie, en la prostituant à mon détriment.
Considérations psychologiques:
« Contrat social. La pulsion primitive. Répression et refoulement de nos instincts (sexuels). La loi.
Selon Freud, l’être humain reste un animal soumis à ses pulsions. Les lois empêchent la pulsion de se manifester : la névrose est ce qui résulte d’un conflit entre le désir et le devoir. Selon Freud, nous sommes tous des névrosés.
Si l’on évolue dans un milieu où cette intériorisation de la loi ne se fait pas , il y a des chances pour que la névrose soit moins forte.
Ainsi durant ma vie dans 25 pays africains, de cultures différentes de la mienne, j’ai agi d’une manière qui me semblait normale, en conformité avec les impératifs de la société africaine, de la coexistence avec les autres, sans me rendre compte car la pression sociale, la loi ne s’imposaient pas à moi, peut-être en raison aussi des fonctions élevées que j’occupais ».
En effet, la pression sociale s’imposait d’autant moins, qu’étant détaché à chacune de mes missions par un ou plusieurs bailleurs de fonds (européens, arabes..etc), qui déversaient leur manne financière sur le pays, il ne pouvait être question d’interrompre mon travail (la gestion administratives, technique, et financière des programmes de développement) sans raison officielles pertinentes, techniques ou administratives. Cela aurait signifié l’interruption du programme et la classification du pays comme incapable d’atteindre les objectifs du bailleur de fonds.
Eh oui ! j’ai donc occupé des postes diplomatiques et stratégiques. Et dans le fond de quoi peut-on m’accuser ? Je n’ai fait qu’accepter les propositions de jeune femmes majeures, en leur fournissant en échange de leurs charmes et de leur gentillesse ce qu’elles demandaient : De l’argent et plutôt généreusement. Et si leurs parents trouvaient à y redire, il eut fallu, à leurs filles, l’interdire.
Les désirs inconscients (le ça) agissent sur la personnalité en conflit permanent avec le surmoi. Ils cherchent à s’exprimer, envers et contre tout, au-delà des règles de bienséances et des interdictions. Le moi gère donc le conflit entre le ça et le surmoi. Le médiateur entre le désir pulsionnel et la raison normative : la névrose apparaît.
Selon Freud nous n’avons pas accès à notre inconscient. Sauf par des voies d’accès inconscientes : le rêve (c’est notre inconscient, ce n’est pas nous) ou le lapsus. Freud interprète tout selon la pulsion sexuelle (notre animalité).
La sublimation : est l’investissement du désir sexuel dans un but non sexuel.
Ainsi, chef de projet dans 25 pays, je me suis souvent détourné, sublimé, durant 30 années passées en Afrique, de mes pulsions sexuelles, en m’investissant à fond , durant 30 années, dans la gestion de 25 programmes successifs de développement dans 25 pays différents. Programmes fournissant de l’eau potable au robinet pour près de 50 millions d’êtres humains.
Mais revenons à Marie:
Le lendemain je lui propose de me rejoindre dans la villa d’un ami. Et voilà ce qu’elle me dit :
« Xavier, il ne faut plus recommencer » | |
“ Ah, oui pourquoi? » | |
« Ils m’ont expliqué hier » | |
“ Qui ça ils ????“ |
Son téléphone sonne. Elle parle en Zerma ! Je n’y comprends rien. Puis :
« Si tu veux, tu peux me caresser la poitrine, cinq minutes ».
En moi-même, « juste le temps pour simuler un viol » (on m’avait déjà fait le coup au Sénégal). Tout ça sent l’embrouille. La machination. La psychose…Je lui refile son billet rouge et je me casse, ni rassuré, ni content ! À ma sortie de la villa, plusieurs militaires, déjà présents à notre arrivée, m’observent. Futurs témoins à charge. Machination infâme de l’Organisation ? Et c’est le début d’une psychose, qui dure encore au moment où j’écris ses lignes, soit 27 ans après.
Ami a ainsi maintenant 42 ans….et l’Organisation m’a suivi, pendant 27 ans sans jamais perdre ma trace dans les pays ci-dessous:
Mali, Niger, Cameroun, France, Tunisie, Kosovo, Maroc, Sénégal, Algérie, Sénégal (2), Cameroun (2), Maroc (2), Ile Maurice, La Réunion, Sénégal (3), Madagascar, Tanzanie, Zanzibar, Tahiti.
Bamako -Abidjan -Ouagadougou-Niamey: Auto/Moto.
Ma coopération avec l’entreprise Hydropshitt du groupe Isofor a cessé le jour où j’ai quitté le chantier pour rentrer en France, mission accomplie. Mais à la veille de mon départ le chef de l’entreprise et son directeur des travaux viennent me voir au bureau pour me demander de différer mon départ, qui risquerait de créer des complications car concrètement le chantier n’est pas tout à fait terminé. J’accepte, puis finalement je décide de partir quand même le matin de bonne heure vers le Niger et téléphone à un copain (surnommé Térinne d’oeuf dans notre groupe de motards de Bamako) pour lui proposer de venir avec moi. Il est OK immédiatement. Il montera dans mon 4×4 Toyota Hilux avec chauffeur et sur ma Ténéré 600, je ferais route avec eux vers Abidjan, pour commencer.
Le problème c’est que j’emmène avec moi, une malette pleine de billets rouges. Il faudra donc éviter au maximum les contrôles de police et de douanes. Le mieux est de passer la frontière à Bougouni, où parait-il n’y a plus de contrôle douanier, depuis l’abandon par les transporteurs de l’ancienne « Route du coton » au profit de l’axe principal, goudronné, Abidjan/Bamako.
www.mali coton
Quelques heures plus tard, au petit matin, nous chargeons le véhicule, sans oublier la malette à code, pleine de billets rouges , soigneusement empaquettés en liasses dans du papier chocolat (ça fait moins désordre quand on l’ouvre…). Ma moto est top et le 4×4 aussi.
De très bonne heure, nous nous dirigeons vers la frontière du Mali. 80 km de route, puis une piste qui nous conduit, contrairement a nos attentes à un poste frontière! La barrière qui marque le passage du Mali en Cote d’Ivoire est fermée. Pas un bruit dans le bureau des douanes où deux douaniers dorment immobiles sur leur lit picot. « Le dodo c’est picot », le lit des militaires et des baroudeurs.
Terrine d’oeuf me glisse à l’oreille: « allez on y va, ils dorment, je soulève la barrière, on passe et en route vers Abidjan ». Facile, non?
Heureusement que je connais le truc: « dès que tu touches la barrière les douaniers se pointent. Là, il font semblant de dormir. Attends un peu, tu vas voir. »
Effectivement une minute après le chef arrive, demande les passeports à Terinne d’oeuf, à moi et au chauffeur qui doit aussi remettre son permis de conduire.
Le chef douanier: « j’ai bien cru que vous alliez ouvrir la barrière pour vous échapper ».
Moi: « et non chef parce que moi j’ai bien cru que vous n’étiez pas endormis, mais réveillés! » Il rigole, c’est gagné.
Et là il commence à nous poser les questions rituelles: d’où venons nous, qui sommes nous, où allons nous? Bla, bla, bla….une pluie fine commence à tomber. « Bon, les passeports ça va, je les tamponne. Et le chauffeur, son permis de conduire? »
Alors, voilà le chauffeur qui commence à bredouiller, il ne trouve pas son permis, il pense l’avoir oublié à Bamako, mais il en a une photocopie.
« Pas question il me faut l’original »
Puis le douanier rentre dans sa casemate et appelle, sur sa radio BLU, Bamako pour exposer le problème.
« Bamako confirme, sans le permis du chauffeur on vous refoule, vous ne pouvez pas rentrer en Cote d’Ivoire. »
« Je le savais, Chef, vous êtes un ancien, vous connaissez votre métier. Y a rien à dire! ».
La dessus, il nous plante là et va se coucher sur son lit. Moi, je suis décidé à payer pour passer, oui, mais payer le minimum car après tout nous n’avons commis aucune infraction, malgré le piège qu’il venait de nous tendre! Heureusement parce que sinon on y serait encore…
Avec Terinne d’oeuf on discute un peu sur le cas du chauffeur.
Après un 1/4 heure le chef revient et il appelle le chauffeur, qui continue à bredouiller, mais le chef ne veut rien entendre et l’entraîne dans son bureau dont il ferme la porte pour discuter avec lui, d’homme à homme!
Enfin un autre 1/4 heure après, la porte s’ouvre et le chauffeur sort en PLEURANT!
Ça c’est du jamais vu!
Le chef: « bon, vous pouvez y aller, vous êtes en règle, mais moi je garde le chauffeur. Ou alors, combien vous payez pour le récupérer. Et que faites vous pour le 4×4? »
» No problem, chef. Gardez le chauffeur, mon copain sait conduire et moi j’ai ma moto et on y va ». Il vérifie le permis de Terrine d’oeuf.
» Et pour le chauffeur? »
« Gardez le, je vous dis, on s’en fout! ».
Et le chef un peu géné: « non, non, je ne vais pas le garder, c’est un homme, et il pleure, je n’aime pas faire pleurer un homme, de plus un chef de famille ! Allez y, et bonne route… ».
Cependant que pouvons nous faire avec un chauffeur sans permis de conduire? La meilleure solution c’est de lui dire de rentrer à Bamako en taxi-brousse, et nous nous continuons, Terrine d’oeuf au volant et moi à moto.
Nous avons bien perdu 3 heures, et quelque chose m’intriguait: le chef avait de- mandé à fouiller nos bagages et j’avais planqué la malette sous le siège avant. Terinne avait donc présenté tous les bagages, entassés dans une malle, sauf la malette. Et le chef était OK, mais demandait à voir « la malette »! Terrine me pose la question « tu as une malette? ». « Oui, viens voir » , je la sors de dessous le siège et l’ouvre.Il est ébahi! Puis « Quest qu’on fait maintenant? » » Ecoute, va discuter un peu avec le chef pendant que je sors les billets ».
Il ya va, et un peu fébrile je sors les biftons. Avec quelques difficultés car ils glissent hors de leur emballage en papier chocolat! En plus un gamin s’est approché de la voiture et me regarde faire. Ça commence à sentir le roussi!
Avant de refermer la malette, j’y glisse une revue, rien d’autre sous la main, et puis je la ferme avec le code. Et je me dirige vers Terinne et le chef, en train de discuter.
Terrine lui serre la main et vient vers moi.
« Allez on y va »
« Et la mallette? »
« Le chef l’a vue. Pas de problème ».
« A bon, d’accord, alors, allons y ». Incroyable!
Allez on se quitte bons amis avec le chef, tout juste si je lui ai pas fait la bise… »
Et toute cette histoire nous a fait perdre du temps, mais ne nous a pas couté un sou.
Cependant, j’ai eu chaud, bien chaud même!
Et tout d’un coup, je prends conscience que je suis en train de fuir.
Olé!
L’acienne route du coton, est une mauvaise piste. C’est galère, pour les voitures, et les 4×4. Mais en moto c’est un super pied en acier bleu suédois, un grand morceau d’enduro, avec quelques villages à traverser. C’est sympa: les gens sortent des cases, rient, commentent et applaudissent.
Alors à moto j’avance bien plus vite que Terinne en 4×4!
Une heure d’enduro après, debout à la sortie de la piste, un miltaire visiblement m’attendait. Bonjour, bonjour.
Papiers, OK. D’où venez vous, qui êtes vous, où allez vous? Et il ajoute:
« Mais à 51 ans vous faites tout ce trajet à moto? Je vous félicite, sincérement. Et tout ça tout seul! Bravo Monsieur. Vraiment! »
« Non, mon adjudant, je suis suivi par mon 4×4. »
« Vous avez une moto plus un 4×4!? Et un chauffeur, alors? »
» Oui, un chauffeur bien sûr, un chauffeur blanc »
« un chauffeur blanc. Mais dit donc, vraiment là, vous étes un grand patron! »
« Oui, si vous voulez, on peut le dire: un grand patron ».
Sur ces entrefaites, le 4×4 arrive et stoppe près de nous. Terinne: bonjour…, quelle belle région ». « Bonjour, papiers s’il vous plaît! »
5 a 10 mn d’échanges sur un ton sympa et puis je demande la route à l’adjudant, nous devons étre à Abidjan, si possible avant la nuit!
« Allez messieurs, allez y, et bonne route »
Quelques explications: Entre Bamako et Niamey, passer par Abidjan ça nous fait un sacré détour, OK, mais c’est à la demande d’Augustine, la soeur de Terinne d’oeuf. Elle a une camarade de Fac, à Abidjan, ce serait bien de la rencontrer, et de plus elle est mariée, avec un des onze présidents de l’Assemblée Nationale de la Cote d’Ivoire!
Ça pourrait nous faire des relations…
Arrivée à Odienné, Terrine d’oeuf tente avec succès de la joindre au téléphone.
Elle est ravie de cette visite, et nous invite à dîner ce soir même. « OK, mais il nous reste encore 150 km de route! « . « Pas de problème, on vous attendra, à ce soir alors? » « A ce soir ».
Et la route continue, et continue encore, encore et encore… À la tombée de la nuit nous atteignons enfin Abidjan. Direction le bar des sports, avenue du commerce, quartier du plateau.
Mais Terinne d’oeuf, ne veut pas arriver les mains vides. Nous avons la chance de trouver une petite épicerie ouverte, et achetons la seule bouteille de vin disponible: un vin rouge interlope, étiquette déchirée, verre poussiéreux…etc.
Puis, enfin, nous allons nous retaper au café des sports. 3,14 – 3,14, KK, rasage, bière et rosé, on récupère peu à peu.
La terrasse est bien fréquentée et des sourires complices s’échangent alentours.
La bière ici, c’est la fameuse gazelle. C’est ambigu, parce qu’à la commande » Snap, garçon, une gazelle si elle vous plaît », on sait pas si tu veux b.. ou b…ou bien b…?. Bon, passons.
Terinne d’oeuf rappelle Madame la Présidente qui passe nous prendre, et nous la suivons en 4×4 et à moto.
L’entrée dans la villa est impressionnante: il y a des Mercédes partout, dans le jardin et dans le garage! Le personnel est omniprésent.
Terrine sort son gros rouge qui est remplaçé illico par le maître d’hôtel de la Présidente, par un bordeau du meilleur cru, tiré de la cave à vins climatisée dans un coin du salon.
Alors ils parlent tous les deux d’Augustine, et moi, je regarde voler les mouches.
Puis je décide d’intervenir en posant quelques questions intelligentes. Moi je suis plus fort pour poser des questions, que pour y répondre. D’ailleurs, si je savais y répondre, je ne la poserais pas, n’est-ce pas? Posez vous, à vous même cette question pour y trouver votre propre réponse. OK?
Il est déjà 9h 30 et le Président est toujours à l’ouvrage. Au bureau, ou au studio: tout ivoirien qui a les moyens entretient au moins une gazelle hébergée et entretenue, dans un studio, à sa charge. En sortant de son bureau à l’Assemblée, c’est la coutume, il a un second bureau à visiter. C’est le fameux deuxième bureau. Il y passe un bon moment, à bouffer, boire et baiser, avant de retourner au foyer conjugal, où il prétextera une surcharge de travail. Disons le tout net, Il s’agit, en l’occurence plutôt d’une décharge.
Chez les muslims, avec cinq femmes officielles (mais pas plus), pas besoin de mentir. Allahi barrek. Allah y pourvoit.
Finalement, le Président arrive à 11h30 et
puis nous passons à table: Atiéké, Gary, Agouti..etc. Et aussi, champagne, homard et majordome! Tout cela est fort bon, et fort bien arrosé, la conversation est intéressante je parle de moi, mes activités au Sénégal, Niger, Burkina Faso, Cote d’ivoire, Guinée, Mali, Maroc..etc; j’adore ça. On parle aussi de l’Afrique et des africains puis après le dessert Madame se retire dans ses appartements.
Nous passons donc au salon, et devant un bon cognac, nous parlons entre hommes. J’attaque sur les night clubs. « Je me souviens de la « Canne à Sucre », de « la Cabane bambou » et du « Wisky à gogo »et des paroles de la chanson à succès créée par Bibi, chanteuse à la Cabane Bambou, une célèbre ivoirienne: « tout doucement……, tout simplement ».
Nous fredonnons ensemble, le Président, Terrine d’oeuf et Xavier.
« Alors oui, ces nights existent encore, mais il est déjà tard et nous sommes en semaine. Mais si vous voulez vous faire des copines, je sais où vous amener ». On n’est pas président pour rien!
Terrine: « Ah, oui, OK ». Bien sûr.
Moi: « Allez, Président, on vous invite? »
Lui: « Non merci, je vais me coucher, mais je vous accompagne d’abord. Nioudem. »
Nioudem.
Nous, Terrine dans le 4×4, moi à moto et notre hôte dans sa Mercedès, nous dirigeons vers Treichville, le fameux quartier des noctambules.
Une seule gazelle à la « Cabane bambou »!
Terinne d’oeuf repart avec elle, ça ne me dérange pas. Il a 20 ans de moins que moi et des besoins plus urgents.
Nous voilà maintenant à la recherche d’un hôtel. Je hèle un taxi et lui demande de nous guider jusqu’à l’hôtel Ibis. Deux chambres à l’hotel Ibis, rue de Rome.
Dans la sienne, Terrine d’Oeuf fait sa petite affaire et vient toquer à ma porte. Saisi d’un élan d’amitié et de générosité: « Xavier, la gazelle est sous la douche. Elle veut de toi. Alors si tu veux je paye pour nous deux ».
Le meilleur somnifère pour faire passer l’alcool et bien dormir.
Pourquoi pas?
Le lendemain matin, pas trop tôt, nous prenons la RN 1 direction Le Mali. Nous devons nous arrêter à Ferkessédougou pour y passer la nuit.
Pour éviter le bureau des douanes entre le Mali et le Butkina Faso, nous ne prenons pas la route nationale RN1, mais une piste que nous a indiquée le patron de l’hôtel.
C’est la piste des contrebandiers.
Elle longe la frontiére vers l’Est, sur une cinquantaine de kilomètres, puis la traverse, à angle droit, pour rentrer dans le Burkina. Mais par malheur un obstacle de taille nous attend avant la frontière: nous rencontrons un ravin de quelques mètres de largeur, et le pont qui le franchit se réduit à deux poutrelles parallèles en fer (IPN), épaisses comme un pneu de voiture, et écartées de la même largeur que nos roues.
Nous pouvons donc traverser, à condition de rouler bien droit sur les IPN.
Je m’engage donc très lentement, mais je flippe à mort. Si je tombe, au volant de la voiture, je suis mort! Pas de secours à proximité, et je perds mon job!
Je m’adresse à Terrine, et lui dit que je ne le sens pas vraiment bien!
Alors là il me surprend: « écoute descend, je vais le faire! Je sais que je peux le faire ».
(bien avant B. Obama, « I can, Yes I can »).
Et Terrine d’oeuf le fait sans problème!
Yes, he did, he did it !
Ouf, maintenant nous suivons la piste et rapidement nous tombons sur…..deux douaniers. Alors, ces deux là nous aurons bien emmerdé, pendant deux bonnes heures…
Après tous leurs contrôles (mais ils ne sont pas tombés sur la mallette, glissée sous le siège avant) il nous intiment de passer, dés demain matin, à la Direction de Ouagadougou, pour y faire nos déclarations.
Je ne suis pas à l’aise, de plus en plus obsédé par les malversations dont je me suis rendu coupable, et j’ai l’impression d’être suivi, voire même poursuivi: le probléme à l’entrée en C.I. et maintenant à la sortie. L’Organisation?
A Ouaga, nous ne sommes plus très loin de Niamey, la capitale du Niger, où je pense m’arrêter un moment. En y arrivant, nous nous rendons directement à l’hôtel Le Niger, dont j’ai déjà parlé plus haut. J’apprécie particulièrement la terrasse, qui offre une vue superbe sur le fleuve. En fin d’après midi, on peut y contempler le coucher du soleil, parfois tout droit dans l’axe du fleuve. Soleil dont les rayons rebondissent à la surface de l’eau et se perdent dans les brumes de chaleur qu’ils illuminent d’une auréole d’un ocre-jaune lumineux.
Nous nous rendons alors à la Cascade, le point de chute de tous les baroudeurs de l’époque. Notamment de ceux qui traversent régulièrement le désert au volant de voitures d’occasion, achetées en France pour les revendre en Afrique, avec bien entendu un substantiel bénéfice.
Hélas pour eux ce trafic n’allait plus durer longtemps en raison de la révolte des Touaregs d’une part et d’autre part de la venue des groupes terroristes islamiques.
Arrivé à la Cascade, je retrouve avec plaisir le patron, Jean Pierre Franquini, et quelques anciens copains.
Et de nouveaux consommateurs, comme
– Jacques gling-gling, il commande ses tournées générales en levant son verre vide et à voix haute: »gling-gling ».
Alors que la coutume des tournées offertes, par un convive ou par le patron, se perd un peu partout, j’ai le plaisir de constater qu’elle perdure au Niger. C’est une bonne chose pour le patron, et pour les buveurs, car chaque tournée est systématiquement retournée a son auteur,
avec autant de tournées générales qu’il y a de buveurs!
Finalement cette coutume favorise entre buveurs la communication intelligente, les confidences voire les connivences et même parfois l’émergence de l’humour.
– Je fais aussi la connaissance de Michel haricot vert, un libanais ainsi surnommé parce qu’ il dirige une grande plantation de primeurs qu’il escompte bien vendre d’ici quelques mois à Rungis, la pemière halle de France, à coté de l’aéroport de Roissy.
– Autre connaissance, Mahamane le Directeur de la police économique du Niger, au demeurant fort sympathique, mais que je soupçonne de venir au bistrot des blancs pour y pêcher ses prochaines victimes! Il a en effet, fait instituer récemment une nouvelle taxe, « l’autorisation d’exercice » appliquée à toute les entreprises, et même avec effet rétroactif. Bien joué Amane! Il remplit ainsi les caisses de l’Etat, qui en a bien besoin. Et les siennes aussi, si j’en juge par ses poches qui débordent de billets rouges. On dirait un douanier!
-Il y a aussi, Jimmy Rothman, représentant au Niger de la grande marque de cigarettes, dont la principale activité est d’organiser la contrebande du Niger au Nigéria, formidable client avec ses 100 millions d’habitants. Jimmy est toujours accompagnee de Penny, sa fiancée anglaise. Penny, qu’il ne faut surtout pas appeler Peguy.
– Et aussi le responsable de l’agence d’UTA, qui vient de reprendre Air Afrique, tombée en faillite alors que son DG était quand même le précédent directeur de la Caisse Centrale des Dépôts et Consignation de France (et de Navarre). « Eh, les copains UTA vient d’ouvrir une extension à Moscou. Devinez comment elle s’appelle?…!! »
« Oui, alors dis nous comment? »
« Comment? C’est simple: elle s’appelle UT? UT? Uterus! ».
Bref, tout ce petit monde se retrouve chaque jourà la Cascade, où JP officie, en offrant de temps en temps la tounée du patron pour relançer la discution et donc les consommations. Cest pas bête et on ne s’y embête jamais.
Ce soir, pour fêter mon retour, JP ouvre deux bouteilles de rosé. Tout le monde discute, mes copains m’inferrogrent…bla,
bla,bla, et nous passons à table.
Au dessert, Bintou finit par arriver. Ça fait a peine une semaine qu’on ne s’est pas vus, le temps pour moi et Terrine d’oeuf de faire le voyage, tandis qu’elle même revenait à son pays natal en avion.
C’est pas si long et pourtant – mais ça je devais l’apprendre quelques années plus tard- pendant que je l’attendais à la cascade, elle était en train de faire des calipettes avec Eric.
Eric est un jeune ingénieur hydraulicien, qui venait tout juste de débarquer à Niamey avec un contrat en béton de la Générale des eaux; il bénéficiait de ce fait d’une période d’essai auprès de la bande organisée des gazelles de Niamey. Les plus belles d’entre elles, jeunes et élastiques, pas encore gâtées par l’usage forcené de leurs ch….? de leurs charmes, bien sûr, fréquentaient assidûment les lieux branchés de la capitale avec l’espoir d’y rencontrer l’homme de leur vie.
Et au lieu de s’affronter, elles se réunissaient pour désigner entr’elles, l’heureuse élue qui monterait au front la première pour se concentrer sur le nouvel arrivant, pour le choyer, l’aimer, l’adorer afin qu’ébloui par tant de beauté, d’amour et de gentillesse il lui propose de venir s’installer à sa maison.
A la maison, oui, souvent pour la durée de son contrat (en général deux ans), mais après?
Pour Bintou, déçue par mon coté volage passé en mode sur-développé au Mali, refaire sa vie avec un autre ingénieur hydraulicien avait pu être une option valable. Ou bien peut être avait-elle été simplement séduite par la jeunesse d’Eric? Une simple passade en attendant son mari.
Toujours est-il que la voilà devant moi, muette, immobile.
Le lendemain matin, nous nous reposons Bintou, Terrine et moi dans les eaux limpides de la piscine de l’hôtel. Une naïade me fais un petit bonjour, je m’approche du bord « Xavier, c’est bien toi? » « Eh oui, c’est moi. Et toi, Lisette, c’est bien toi? « . Bla, bla ,bla.
Je suis content de revoir Lisette, une amie d’il y a 5 ans, vive, intelligente, sensible, une demie, fille d’un français et d’une nigérienne
Malheureusement, et je ne sais pas pourquoi elles ne s’entendent pas du tout, mais alors pas du tout. Leurs disputes parfois en public donnaient lieu à des scènes épiques.
Lisette, est psychiquement très instable. Elle a fait ces dernières années plusieurs tentatives de suicide. Mais maintenant la voilà mariée à un entrepreneur en forages d’eau, qui je l’espère saura lui donner ce qui lui manque tant. En attendant elle se promène dans un superbe 4×4 tout neuf avec un chauffeur attitré. Elle aura eu à plusieurs reprises l’occasion de me rendre service, car moi je ne restais plus qu’avec ma Ténéré.
Terrine d’oeuf avait pris la route du retour, avec mon 4×4 Toyota Hilu qu’il fallait bien ramener à Bamako, le chef de mission, n’étant pas censé se tirer avec.
Alors il ne me restait plus que ma moto, dont le dédouanement m’a couté un bras !
De plus Terrine avait accepté de faire mon déménagement, et de l’envoyer à mon adresse au Niger. Les deux pièces maîtresses étaient un grand buffet de style ancien, fabriqué par mon père, il y a un siècle, et mon bateau à voile, un hobby cat, que j’avais bien utilisé au Mali. Et avec lequel j’allais faire de nombreuses sorties à Niamey sur le même fleuve.
Après le départ de Terrine je me mets en quête d’une maison. J’en trouve une assez rapidement, plutôt sympa avec climatisation et piscine, entourée d’eucalyptus, située en ville, à proximité du Palais des Congrès. Une petite histoire sur ce Palais: après sa construction récente, durant l’inauguration, en présence du Président Salifou, le faux plafond s’était carrément écroulé sur les invités, dont plusieurs avaient été blessés. Heureusement pour lui le Président était indemne. Mais on a cru pendant un moment à un attentat. Dans un premier temps on a arrêté le directeur de l’entreprise, française, qui avait réalisé la construction. Puis, sur intervention de l’ambassade, il avait été libéré avec interdiction de quitter le pays…
Quelques jours après mon installation, je me rends au palais où se déroule une exposition concernant le matériel hydraulique. Je erre d’un fournisseur à l’autre lorsque je suis abordé par un nigérien. »Pardon, ne seriez vous pas ingénieur hydraulicien », par hasard? ». « Oui, mais comment le savez vous? « . « Non, c’est parce que vous êtes devant le stand; et
justement, au Ministère nous avons besoin d’un hydraulicien! Pour rédiger un projet d’hydraulique ».
Alors là ça m’intéresse! Je me repose depuis quelques jours mais j’aimerais bien trouver un job. « Je vous explique, c’est un peu spécial. Au Ministère de l’hydaulique, nous avons bénéficié l’an dernier d’une dotation de l’AFD, qui nous a servi à financer plusieurs projets, que nous avons présentement menés à bien. Seulement il y a d’importants reliquats, plusieurs dizaines de millions de francs CFA. Pour les mobiliser, nous avons besoin d’élaborer un projet d’un montant avoisinant. Puisque vous êtes ingénieur hydraulicien, et français, deux qualités indispensables, voudriez vous rédiger un tel projet? Nous le présenterons au bureau de l’AFD, qui accepterait, au vu de votre diplôme et de votre signature, d’effectuer le virement correspondant ».
« A bon, pourquoi pas? Mais à quel projet faites vous référence? Vous savez, je n’ai pas l’habitude de rédiger des projets, faire des plans..etc. J’interviens plutôt dans la gestion et la réalisation des projets ».
« Aucune importance, nous le ferons nous même, comme ça vous n’aurez plus quà nous couvrir avec votre CV et votre signature. Rassurez vous, vous aurez votre part! ». «
Ça sent la grosse arnaque au bailleur de fonds. Un classique du genre. Je suis déjà assez embrouillé au Mali, avec l’AFD, justement. Et puis je pense aussi que ce type est peut étre un inspecteur de police, qui pourrait avoir été payé par l’Organisation, pour me faire plonger. Je refuse donc poliment, sans donner plus d’explications.
Il me propose de rencontrer son supérieur, dés le lendemain dont le bureau est situé non loin dans l’immeuble de la Sté d’Exploitation d’Uranium, la Sodexu.
2ème étage, bureau 204, à 9 heures. Lui même n’y sera pas, mais je demanderais M. Haoussa.
En fait, ça c’est pour montrer quil m’a logé (identifié) et que l’Organisation devra lui payer la somme convenue, entre eux pour ce faire.
Le lendemain, je me rends au RDV, rencontre le sieur Haoussa. Il est assis derrière son bureau qui ne comprend d’autres meubles, que deux chaises, une pour lui, une pour moi. Aucun dossier, pas même un papier! Ça sent la mise en scène sommaire. Haoussa m’identifie à son tour, par quelques questions subtiles.
« Quant au projet, quelle est ma position? » Je lui confirme que je n’accepte pas cette intervention, qui ne me paraît pas totalement honnête. Ça a l’air de lui convenir. En fait je pense qu’il s’en fout, son seul problème, étant probablement de m’identifier formellement.
Quant à moi, je me demande comment ils ont pu m’identifier aussi rapidement. Je viens juste d’arriver à Niamey la semaine dernière! Je commence à me faire du soucis. L’Organisation serait-elle derrière ce mic-mac?
Quelques jours se passent, j’ai planqué ma mallette de billets rouges, dans un placard de la salle de bain (j’aurais mieux fait de l’enterrer dans le jardin).
Changez vous les idées en visionnant sur documentaire extraordinaire sur le pays dogon et les dogons. 5/5!
Une heure et demie de pur bonheur. Allez, cliquer.
Vous ne serez pas déçus.
Rendez vous en terre inconnue: