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Tahiti

1973 Labotech

Aidé par Jacques, le président du Conseil Economique et Social, j’arrivai à regrouper une quinzaine d’entreprises du Territoire, chacune apportant sa part pour l’achat de matériel, et les frais de démarrage. J’avais une liste concrète des achats: du matériel ultra moderne, pour les essais routiers, (teneur en bitume, et contrôle de compactage) pour les essais de béton, pour les études de fondations, pour la recherche en eau sur les atolls et les motus.
Et je me rendais à Paris pour en effectuer les achats.
Pour les essais routiers, j’achetais aussi deux appareils de mesure, qui utilisaient des sources radioactives (lithium, berrilium), et donc nous devions être très prudents pour leur utilisation: nous portions des stylos dosimètres du CEA (Centre d’Expérimentation Atomique). Ces appareils sont aujourd’hui connus sous le nom de Tröxler.

Avec Labotech, leur propre laboratoire, les entreprises pouvaient donc maintenant tenir tête au LBTP, et c’est d’ailleurs ce que ne voulait pas l’Administration, le secteur public, qui refusait de nous faire travailler. Mais par contre nos actionnaires (les 15 entreprises du privé) nous fournissaient beaucoup de travail pour le secteur privé.
Ainsi nous avons exercé nos talents pendant plus de quatre années au service du privé mais aussi des communes notamment pour la recherche d’eau à Tahiti et dans les îles.
J’avais au début de cette aventure, embauché des partenaires, qui allaient devenir de vrais amis:

Alain

Alain était un ancien officier de marine), ayant travaillé à Madagascar quelques années plus tôt. Il s’y était marié avec un malgache ; ce mariage dura un certain temps puis après leur divorce il épouse, conformément à la tradition locale la jeune sœur de cette dernière.  Peu après je fais sa connaissance en allant le chercher sur son yatch, au club nautique, pour lui proposer de travailler avec moi, à Labotech. Il accepte et à nous deux, nous effectuons les premières prestations de Labotech. 

Roberto

Un autre marin, Roberto, en provenance d’Italie, marin sur le Swan 67 de Sylvio Berlusconi, arrive peu après à Tahiti , et se lie d’amitié avec Alain. Il cherche lui aussi un job, et je l’embauche avec nous à Labotech. Tous les trois nous allons formé un trio inséparable pendant au moins deux ans. Au boulot, chacun tenait son rôle : Alain, plutôt l’hydrologie, mesures et rapports ; Roberto l’innovation technologique (motu Tevaïroa) et le direction des chantiers, et moi la Direction Générale.
Nous déjeunions et sortions le soir souvent ensemble, dans le Papeete by night de l’époque bien plus animé qu’aujourd’hui. 
Roberto très à l’aise avec les (jeunes) pousses, se greffait assez vite sur Margo, une sémillante jeune femme de la diaspora chinoise.
J’ai aussi embauché Teddy qui s’occupaient des essais d’écrasement des éprouvettes de  béton, prélevées sur les chantiers de construction, qui foisonnaient à l’époque. Rèmy lui a succédé après quelques années, lorsqu’il a décidé de s’installer à Bora bora puis aux Tuamotu à Ahé, l’île investit par les chats. C’est Bernard Moitessier le célèbre navigateur qui avait amené à Ahé, un couple de félins, dont la descendance allait rapidement prospérer .
Nous avions aussi un foreur marquisien, qui pour la recherche d’eau et pour les  reconnaissances de sous-sol dans le cadre des études de fondations.
Et enfin une secrétaire de Direction, mariée à un chinois comptable. Elle disait souvent de lui : « mon mari il est comptable, il compte les table ».
Bref en peu de temps nous formions une honnête Start Up, avec un panel d’activités qui nous permettait en gros d’équilibrer notre budget, et surtout de rendre service à nos actionnaires, un pool de 15 entreprises du bâtiment et des travaux publics.

La bohème

Alain avait quitté son bateau,  pour habiter avec Lalao, dans une villa de location vers le PK 18 à Punaauia.  Là, Lalao lui donnait une petite fille.  
Evidement le trio Roberto, Alain et Xavier, et leurs compagnes se retrouvaient régulièrement le week-end au bord du lagon chez Alain, ou parfois chez moi à la pointe Vénus. 
Puis après, très affecté par sa rupture avec Lalao, Alain déprimé faisait une tentative de suicide, qui l’envoyait à l’hôpital pour un bout de temps. Enfin, à la sortie de l’hosto,  il s’installait au Vaïma, où ses conquêtes (faciles pour lui avec sa belle gueule de corsaire boucanier) se succédaient : bon signe, il renaissait à le vie.

Quant à Roberto, il habitait d’abord sur le Yatch de Berlusconi, puis occupait après avec Margot, la mezzanine de la villa ronde que je louais à Narii F., au bord de la mer, à coté du mess des officiers à Arue. 
Ce qui m’énervait un peu, c’était quand la nuit il rendait régulièrement les hommages à sa copine (qui allait devenir sa femme, et lui donner un fils.). Ce qui dérangeait c’était le bruit des ressorts du sommier. Alors, après mûre réflexion, Roberto eut l’idée lumineuse d’opérer Margot sur le plancher. Et dès lendemain, je le félicitais de cette heureuse initiative.  Je pouvais ainsi dormir sans problème sur le lit à matelas d’eau que je venais d’acheter. Avec ce lit, un problème toutefois : c’est qu’il fallait une pompe pour vider périodiquement et complètement l’eau du matelas, ceci pour éviter le développement des algues à l’intérieur.

Barjoline

Roberto et moi, sortions régulièrement en boîte, au club 106, le soir pour y siropter des Campari- Perrier et mater les jolies danseuses. On y retrouvait toujours la même bande de Gravos, des fils de bonne famille à la recherche de bonnes rencontres à la belle époque : Noël B., Bernard T. ..etc et leurs copines régulières, donc un petit groupe de happy-few  (ou fiou ?) qui de leur poste d’observation donnant sur la piste de danse se foutaient plus ou moins librement de la gueule des danseurs et des danseuses. Un soir, bien décidés à se moquer de moi, ils m’envoient une de leurs copines – magnifiques Vahine Tahiti. Elle m’invite, à une sorte de Tamure, au cours duquel le buste penché en arrière, elle  insinue une jambe entre les deux miennes, et sur le rythme de la musique elle m’appuie franchement sur le sexe… pendant que les autres enfoirés se fendent la gueule !

Mais finalement ces sorties quasi-quotidiennes, le soir au Club 106, devaient, si j’ose dire porter  leur fruit puisque je m’entichait de Barjoline, une superbe beauté chinoise, mentalement disponible car elle venait de divorcer de son mari hindou, un gourou que je connaissais un peu. Mais voilà, j’étais pas très fort en baratin pour emballer…comme le disait Gilbert, « Xavier il est fort à l’écrit, mais à l’oreille, c’est pas pareil ». 
 (paix à son âme, il devait disparaître peut après aux commandes de son avion – acheté à Bambou, la veuve de Jacques Brel -). 
Et c’est Roberto, qui me suggérait d’inviter Barjoline chez moi, dans mon fare rond, à Arue. Il se proposait de faire la cuisine et d’assurer le service avec style….
 Au jour dit, la belle ayant accepté mon invitation, j’achetais donc champagne et foie gras, et deux bonnes bouteilles que je rangeais dans mon frigidaire.

J’avais donné  rendez vous à Barjoline dans un bar de Papeete, et pendant que nous prenions l’apéro, Roberto devait se mettre au fourneau, de telle sorte que nous n’eussions plus qu’à nous mettre à table, à l’heure convenue…Et Roberto, très stylé, assurerait le service, tout en discrétion. Une affaire qui se présentait donc, sous les meilleurs hospices. C’est du moins ce que nous croyions !
Sortant de l’apéro, et arrivant à la villa ronde, je ne vois pas mon Roberto qui m’a laissé un petit mot : « Xavier, désolé mais ton frigo est vide. Lorsque je suis arrivé la porte de la villa était grande ouverte…et on a cambriolé ton frigo.  Ciao. » (prononcer tchao).

Avec mon invité chinoise, on rit jaune, mais finalement on fait contre mauvaise fortune, bon cœur…

Et j’emmène Barjoline, dans le meilleur restaurant de Tahiti.
Finalement un repas bien sympa, et l’aboutissement de la soirée se passe de manière mutuellement conventionnelle, sur mon matelas remplis d’eau, ce qui crée quelques fou-rires, et des conditions (positions) particulières à l’origine de sensations inédites…
Ce fût le début d’une relation qui ne dura que quelques mois, car la belle était en fait en attente du divorce d’un autre homme, bien placé au gouvernement, avec lequel, me laissant sur le carreau,  elle se maria, fût heureuse et eut beaucoup d’enfant. 

Quant à moi, Ouf, je l’avais échappé belle. 

Et après deux ou trois aventures, j’optais finalement pour Tiare B. dont un ami commun m’avait donné le contact ;

Elle devait être au courant, car lorsque je l’appelais pour l’inviter à dîner, elle acceptait sans rechigner.
Plus tard elle me confiait qu’elle n’acceptait de faire connaissance qu’avec des hommes, au minimum, présentés par un ami.

Tiare

Tiare. était une jolie fille avec un atout particulier : des taches de rousseur sur son joli minois.
Ce qui m’a tout de suite plu chez elle c’est qu’elle avait  une conversation intéressante et paraissait très motivée, à aller plus loin avec moi. Du reste dès le lendemain matin, elle déménageait chez moi, dans le fare rond à Arue.
  
Au lit elle offrait l’avantage de bonnes fellations, ce qui était, à l’époque, plutôt rare à Tahiti. Il paraît même que maintenant le fait de la demander, c’est inapproprié !

La vie est une dure lutte….

Manifestement, elle était opportuniste et cherchait, comme toutes ses sœurs à son âge, un mari. 
Elle sortait d’une longue liaison, en pointillé,  avec Christian, un entrepreneur de la place, bien plus âgé qu’elle et elle me raconte l’histoire.

Plus jeune elle habitait dans le quartier de Titioro, bien moins développé à l’époque, dans une modeste maison de famille tout au bord de la route. Le bruit produit par les voitures qui frôlaient sa maison, était pénible, et après la journée de travail, réellement fatigant,…perturbant. Surtout la nuit, où la moindre voiture réveillait tout le monde…

De guerre lasse, elle recherche un homme libre, intéressant et agréable à vivre, pour en premier lieu habiter avec lui une maison confortable… et plus si  affinité ; et dans cette configuration, il y a toujours affinité. 
Alors elle se met alors à la colle avec Christian. Cependant après un moment de vie commune agréable, elle réalise que ça ne pourra pas coller, vu la différence d’âge.
 
Donc elle annonce à son architecte qu’elle va le quitter, car il est trop vieux pour assurer durablement son avenir. Donc c’est la dernière nuit qu’ils passent ensemble… 
La réaction de ce dernier, me dit elle, est tout à son honneur, car il comprend sa motivation et veux sécuriser son avenir :  bienveillant lui fait un chèque important du montant du solde restant sur son compte bancaire.
 
Le lendemain matin, nantie de son chèque (1.200.000 XOF), Tiare le dépose au guichet pour l’encaissement. L’employée s’en saisit, débite le compte de Christian, et avant de remettre les billets à Tiare. annonce à voix haute, pour ses collègues la fermeture du compte. A cet énoncé, incroyable, mais vrai, Maeva fait preuve de scrupules, annule tout , récupère le chèque et quitte la banque pour le rendre à Christian. 
Maintenant, je me pose la question : aurait-elle fait la même chose, si on lui avait étalé les billets sur le comptoir, sous ses yeux ?

Belle histoire, de la part de cette fille, que mes amis taxeront d’ambitieuse  opportuniste, guidée par son intérêt pour le luxe, et l’argent. Notre liaison durera finalement deux années, mais se terminera finalement en queue de poisson. Encore une !

Mais je n’ai pas oublié le show off permanent, qu’elle se permettait avec sa très longue chevelure d’un noir éclatant.

Dans l’immédiat, je décide de déménager dans une autre maison, parce que la fosse septique du fare rond ne fonctionne plus. Et quand j’en ai avise Narii, il me mentionne qu’avec le tour du monde qu’il va entreprendre la semaine prochaine, il n’aura pas de temps à consacrer à cette fosse, ce qui me laisse septique !

Alors là, je décroche la timbale, avec une superbe maison, sise en montagne à Mahinarama, à 600 mètres d’altitude, sur un plateau au bord du précipice creusé par la rivière Tuahuru. Avec une vue à 180 ° sur l’océan. On y voit même l’atoll de Marlon Brando, Tetiaroa, dans le lointain.
Deux corps de bâtiment : 
– deux chambres, chacune avec salle de bain pour le premier, 
– et un salon-séjour au bord du vide, dans une pagode meublée style japonais, avec des portes en bois coulissantes. 

Un chemin couvert entre les deux. A l’entrée du salon, un immense banian balance ses clochettes blanches, et entre les chambres et le précipice, une belle piscine à quelques mètres du vide. Le domaine fait deux hectares avec dans un coin, un petit cimetière pour le mari de la propriétaire, et dans le coin opposé une véritable petit forêt de conifères (des pins). Tout les reste de la superficie (d’un total de deux hectares) est engazonné.

Nous emménageons donc dans ce petit coin de paradis. 
Tiare est ravie et moi aussi. Il y a juste la question du transport, mais Tiare a sa voiture et moi a ma moto verte (Kawasaki 175 enduro), ce ne serra donc pas un problème.
Sauf quand il pleut : à moto la meilleure protection sera un sac poubelle, aménagé pour laisser passer la tête protégée par le casque intégral.

Nous allons passer là, dans ce domaine situé en altitude, une année de bonheur et de calme. Comme j’ai souvent besoin de me déplacer à Bora bora, parfois Tiare m’accompagne jusque sur le motu Tevairoa, où je l’initie aux arcanes de la lentille d’eau douce. Elle fait aussi parfois partie de l’équipe qui réalise les sondages électriques. 
Qu’il est bon de se sentir assisté au travail par sa chérie-coco. Le travail de chantier se poursuit sur le motu et touche à sa fin. 

Bora Bora

Le moment venu, j’invite Patrick à venir à Bora Bora pour la réception de nos travaux, puisqu’il est, je le rappelle, directeur du bureau technique des communes de Polynésie Française, et donc à ce titre cosignataire de notre contrat .

Tout fonctionne bien, malgré les difficultés que nous avons eu à concevoir des installations de pompage efficaces. 
Une seul détail : pour obtenir une bonne étanchéité des conduites de nos cinq petites stations de pompage, nous avons utilisé du grésil, une pate noire qui a laissé des traces un peu partout. Patrick, au lieu d’en exiger le nettoyage par Labotech, me propose pour en finir, que nous le fassions ensemble, lui et moi, demain Dimanche dès le matin. 
Voilà une proposition sympathique, qui tranche avec le ton autoritaire habituel des maîtres d’ouvrages de l’administration. 

Comme ça, dès lundi, Patrick à son bureau établira un certificat « travaux faits » qui me permettra d’obtenir des avances de la banque, dont j’avais bien besoin.

Pascal et Yvonne

Maintenant que les installations fonctionnent, nous abordons la phase de mesure pour le suivi du comportement de la nappe phréatique. Ces mesures sont prévues chaque jour pendant deux mois. C’est mon jeune frère, Pascal, venu de France, en vacances avec sa copine qui me propose de les effectuer, jour après jour. 
Pour se rendre depuis son bungalow au bord de la plage Matira (la plus belle de l’île) il a à sa disposition mon bateau à moteur (Boston Wöhler 16 pieds avec moteur Mercury 50 cv) ou au choix mon bateau à voile (Hobby Cat 14 pieds), et de plus pour rouler sur l’île je lui laisse ma moto (Kawasaki enduro 175)…Un chantier miraculeux pour Pascal, qui y mettra toute son âme. Bien entendu au téléphone avec lui tous les soirs, je suit de près la progression de ses mesures. Puis les grandes vacances de mon frère et de sa copine prennent fin, et ils retournent tous deux en métropole à leurs chères études, avec la satisfaction du devoir accompli sur le grand motu.

Nota bene : à mon retour à Tahiti, en 2015, la Polynésienne des eaux envisageaitde pomper l’eau du motu, et de la traiter, pour éliminer sa charge en calcaire. Ceci devant lui permettre des économies sur le traitement de l’eau de mer par osmose inverse, système très onéreux en fonctionnement à Bora Bora depuis une quinzaine d’années.

C’est précisément Pascal, mon frère, qui m’offrira un MacBookAir, pour me permettre de poursuivre et terminer le présent récit, que j’avais commencé sur mon smartphone

Tiare

Pour revenir à mes amours avec Tiare, elles allaient avoir du plomb dans l’aile, un an plus tard : ce matin là, elle me dépose à mon bureau, me fait la bise et va rejoindre son boulot à la CPS.  « A ce soir, chéri ! », « A ce soir mon amour ! »….

En fin d’après midi, peu avant la sortie du bureau, elle m’appelle au téléphone : 
« Ecoute moi chéri, fais moi plaisir, ne rentre pas à la maison ce soir. Tu vas te sentir trop seul » 
« Pourquoi, mon amour, tu ne viens pas me chercher au bureau ? et on remonte ensemble ».
«  Xavier, ce ne sera pas possible, je ne suis pas là ! »
« Ah bon, mais où est tu alors ? »
« Chéri, je t’appelle d’Hawaï, pour te dire que je te quitte…Pardonne moi, mais je vais tenter ma chance à Honolulu… »
«  Ta chance, mais quelle chance, et avec qui ? ».
« Avec Greg, il a une grosse boîte dans le real estate ».
« C’est quoi ça le Real Estate ? »
« L’immobilier »


Alors là, n’en pouvant plus, j’éclate et la couvre d’injures…et lui certifie que je ne veux plus jamais la voir…etc. » et furieux, désemparé, je m’écroule en sanglot sur mon bureau…snif, snif, snif…


Allez ! Dans les coups durs on a que les copains pour nous remonter. J’appelle Roberto et Alain qui sont en train d’écraser avec Teddy, des éprouvettes de béton, avec la presse à montée en pression régulée que j’avais fait venir de France, avec beaucoup d’autre matériel.
Ils sont aussi consternés que moi, et que faire dans un cas pareil ? Une seule solution, dîner ensemble au restaurant, sortir en boîte (le club 106) et essayer de trouver une autre vahiné.

Mais voilà, quand on aime, on n’a juste pas envie d’en draguer une autre. On préfère se concentrer sur son chagrin, ce qui du reste l’amplifie. 
Alors la meilleure méthode, c’est de se bourrer la gueule ! Et Alain et Roberto me remplissent mon verre à qui mieux-mieux. 

Le temps passe, à 02 heures,  le club 106 ferme ses portes ; alors Alain m’amène jusqu’à son studio au Vaïma, et me dépose sur un lit pliant avant d’aller rejoindre Lalao dans son grand lit tout blanc, avec à leur coté le berceau et dedans leur fille, nouvelle née.

Pour ma part je quitterai la belle villa de Supermahina dans la semaine et prendrait un appartement en location au dernier étage du nouvel immeuble « Paraïta » du Marché. 
D’autre copain, apprenant mon infortune m’y rejoindront pour me tenir compagnie. A la fin de la semaine, retour au Club 106, ou durant la soirée une jeune française de métropole, esseulée, paraît vouloir sortir (ou plutôt rentrer) avec moi. Mais le cœur n’y était pas.

Un mois environ après sa fuite, Tiare m’appelle au téléphone pour me dire qu’elle souhaite revenir, elle regrette de m’avoir quitté, et me supplie de la reprendre avec elle ?
Je suis plutôt surpris, et même plutôt ravi de son retour. Je l’accueille à l’aérodrome, avec une bise et un collier de fleurs, et nous partons à mon appartement, immeuble Paraïta, sur le front de mer, au quatrième étage avec  terrasse.
La décence m’interdit de décrire ici, la soirée qui a suivi, au cours de laquelle, pendant le dîner j’apprécie particulièrement   les bouchées à la Reine de ma chérie coco, qui m’a tant manquée, tandis qu’elle me chante la chanson intellectuelle de John Gabilou :
« J’ai faim, je veux manger de la banane, j’ai soif je veux boire ton lait de coco… ».


Décidément : au Maroc le lait de l’amante, à Tahiti le lait de coco ! Tout va bien…
Fiou en tahitien ça veut dire : ras le bol. En tous cas, Bernard et Gabriel avaient bien compris, et s’étaient arrangés avec le gardien du chantier dans la vallée de la Fatautia: ce dernier récupérait régulièrement quelques exemplaires parmi le tas de mamaoux coupés par l’entreprise pour faire passer la route, coupait les troncs à un mètre et nettoyait les bulbes. Bernard et Gabriel n’avaient plus qu’à passer pour les charger dans le 4×4, et les emmener en ville, où ils avaient constitué un petit stock tampon.

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