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Elève ingénieur 1965

1965

A Grenoble j’ai 21 ans à l’entrée à l’ ENSHG (école nationale supérieure d’hydraulique de Grenoble), et 24 ans à la sortie avec mon diplôme d’ingénieur en poche.

ENSHG: 1965 – 1968

Françoise.
Après trois années d’études en maths sup puis maths spé, j’intègre l’école des ingénieurs hydrauliciens à Grenoble. C’est reparti pour trois ans! J’habite une chambre à la Résidence  » Houille blanche » réservée aux élèves ingénieurs. Grenoble était une ville universitaire grouillante d’étudiants et d’étudiantes venus de tout les horizons ( un peu comme Tombouctou ou Bagdad à une autre époque ). Tout le monde se côtoyaient lors des repas aux restos U. Alors forcément on fait des connaissances. Et hop! Dès le début de l’année, avec mes nouveaux copains je rencontre Françoise et ses copines. Tout de suite les couples se forment, mais avant de mieux nous connaître, nous devons surmonter une première difficultè: les invitations dans les chambres sont interdites conformément au règlement interne, qu’on se le dise!
D’ailleurs pour rentrer, il faut passer devant la porte vitrée de la loge du gardien. Consulter les anciens nous rassure: la porte n’étant vitrée que dans la moitié supérieure, il suffit que notre étudiante se mette à quatre pattes pour franchir en toute sécurité la zone dangereuse. Ni vue, ni connue. Quoique en y réfléchissant un peu, il faut admettre que nous avions quand même, pendant qu’elle rampait, une vue informative sur notre future amoureuse, laissant présumer du régal que nous allions vivre à deux, une fois passée la conventionnelle position du missionnaire! Ce préliminaire, avec le danger que le concierge ne sorte, nous émoustillait, nous rapprochait et nous mettait dans de bonnes conditions pour la suite. J’en tremble encore en écrivant ces lignes.
Et Françoise n’était pas la seule à quatre pattes. Le vendredi soir les couples faisaient la queue, …pendant que je lavais la mienne, pour ce passage difficile.

https://youtu.be/femVWPqTkqI

Quand elle s’est déshabillée, j’ai fait le viel habitué, en chantant
J’étais si content de moi, que j’ai fait l’amour dix fois, en chantant
L’amour s’est plus marrant et moins désespérant en chantant. »
Ayant enfin découvert l’amour, il était temps, j’étais fan du truc, et j’en redemandais. Love addiction…
Presque tous les jours j’en redemandais encore en me rendant après les cours en bus, chez Françoise; mais comme nous terminions notre petite affaire tard dans la nuit, il me fallait ensuite rentrer à pied, traversant Grenoble, d’est en ouest.
« Antequam illucessit, alauda canit. »Virgile »
Avant que le jour se lève, l’alouette chante.

J’étais donc pas très en forme pour les cours, que je suivais d’un air studieux en pensant à tout autre chose…
Si j’ajoute les après-midi passés au ski…c’était un peu la bohème

Peu à peu, le temps passait et à la fin de l’année j’en avais plus appris sur l’art délicat du déduit qu’en hydrodynamique théorique.
Néanmoins je passais en seconde année avec mention honorable.
Les grandes vacances nous ont séparés, mais je ne tardais pas à rappliquer chez Françoise, à l’autre bout de la France pour demander mon dû, et… faire connaissance de ses parents. Son père étant sous-préfet habitait à la sous-préfecture où je fus cordialement logé. Pendant les repas, la conversation roulait sur l’inquiétude des parents séparés de leur fille, puis sur les études, puis sur moi, puis sur un flot de conseils, et enfin, après quelques jours..on finissait par écouter les infos à table.
Avec Françoise on allait l’après-midi se balader en 2 CV et on s’arrêtait volontiers dans la nature pour réviser discrètement nos études universitaires en prévision de la rentrée prochaine, où nos relations pourraient reprendre leurs cours de manière moins débridée.
Me connaissant maintenant un peu, sa mère avait décrété qu’il me manquait une case, et son père n’étais pas opposé à un mariage, mais ne ferait pas de cérémonie officielle! Dont acte.

On comprendra qu’après l’incident de la chambre du ministre, j’avais plus la cote. Bon c’est tout simple, puisqu’au lieu de me dire de coucher dans la chambre de leur fille, ils m’avaient proposé de dormir seul, dans la chambre bleue dite « chambre du ministre », meublée à l’ancienne, avec un grand miroir proche du lit, en me recommandant bien de ne rien casser ni salir. Bien sûr après une sieste agitée, nous constations Françoise et moi, avec effroi, une tache sur le matelas tout neuf, et sur lequel jusqu’à présent aucun ministre n’avait encore dormi. Et nous n’étions pas frais au dîner lorsque madame la sous-préfète aborda d’entrée le sujet. Elle avait compris d’un coup que sa fille couchait, et qu’en plus il fallait changer le matelas. « Shame and scandal in the family » à la sous-préfecture ; et c’est tout juste s’ils n’ont pas fait repeindre la chambre du ministre ! Je les ai quittés peu après et les ai bien remerciés.                                    

Moralité : ne pas faire rentrer un éléphant dans un magasin de porcelaine ! Nous nous sommes donc séparés provisoirement, Françoise et moi, le 15 août pour nous retrouver à Grenoble à la rentrée, où nous avons pu reprendre nos très chères études avec nos révisions nocturnes à la maison des ingénieurs…                                                                             Puis l’année suivante nous avons été séparés car son père, sous-préfet, préférait pour sa fille des études plus proches de la préfecture. Une dernière année d’études pour elle comme pour moi, éloignés l’un de l’autre, et ce fût le mariage organisé par ma famille en présence des beaux parents qui avaient quand même fait le déplacement. Emballé et transcendé par la cérémonie, j’étais allé assurer son père, dubitatif, de mon amour et de mon dévouement total à sa fille. Quelle idée !

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