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Zanzibar

Pemba 2014

J’ai 70 ans. Quelle chance de travailler dans ces environnement magnifiques de Zanzibar et de Pemba!

Sur cette video filmée par drone, vous voyez à peu près ce que j’ai vu en avion. Une vue époustouflante, magnifique, qui m’a sautée aux yeux alors que je ne m’y attendais pas du tout. Sur le coup j’ai été réellement estomaqué, je n’avais jamais, de ma vie contemplé un tel paysage! Pas même en Polynésie.
Je n’en dis pas plus. Regardez, savourez and ENJOY !

 Profitons en pour une visite à cet hôtel de classe internationale. Je me suis juré d’y revenir pour y passer un week end avec la plus belle fille de Pemba!
Je raconte ce rêve idyllique, un peu plus loin.

Mails avec ma tante, Francine.

Pemba et Zanzibar sont  vraiment des iles sympathiques. Ce qui marque en premier lieu c’est la beauté des plages et des lagons. Un très beau sable blanc et des DAWS, pirogues à voiles à l’envers, qui remontent bien au vent. Leur grément aurique est toujours restés un peu mystérieux, comment ça peut marcher, et d’où viennent ces lignes si pures ? Et bien ça marche parce qu’on peut en voir des centaines, sans doute des pécheurs…
Zanzibar où je me retrouve tout les week ends est une île touristique vraiement agréable. Vie diurne et nocturne, dont j’avais été un peu sevré ses derniers temps à Tahiti. Miracle de la vie d’ingénieur, team leader, me revoilà par un coup de baguette magique, sur orbite, si je puis dire…
A Stone Town, quartier historique des corsaires, le port est dans la ville. Je partage un petit appartement avec un camarade germanique, et nul besoin de dire que le monde nous appartient. De vénérables bâtiment , aux façades indo-omanaises, ont vraiment de l’allure. Les mosquées moins nombreuses, et aussi d’aspects bien différents de leur consoeurs magrehbines. Des silhouettes agiles se promènent sur les quais ou sur le sable et ondulent avec le vent. Leur parures sont multicolorées et le Hijab, Haïk, ou autres, ajoutent à l’ambiance sub-orientale, plutôt nouvelle pour moi.
Il ya du monde, en ville, à Zanzibar, où le pharmacien explique à mon pote Waldemar, médusé, en recherche de protections rapprochées, que le pays est islamique et que par conséquent on n’y vend pas de préservatifs !  
Ici beaucoup de touristes sont venus et sont respectés par une population acceuillante et bien vivante. Ce soir le restaurant de Stone Town, ne va pas abreuver comme il y a quelques siècles les marchands d’esclaves, mais certainement dans quelques heures des fonctionnaires internationaux avides de développement en pays acceuillants: il y aura cependant du bon vin d’Afrique du Sud et de la musique, attention on va danser !
Viens y boire au Zanzi-bar.

Et puis en semaine retour à Pemba, carrément sans touristes, carrément islamique: une demi heure de vol pour changer d’ambiance; mais celle là est bonne, aussi. Campagne, calme et verdure, deux ou trois hôtels de grands luxes et surtout une incroyable vue aérienne sur l’océan indien et le lagon translucide de sable blanc, à l’approche de la pointe sud. Regarde sur Google Earth, c’est merveilleux. Une des plus belles vues de ma vie. Les bureaux du bureau d’études allemand sont logés dans une grande villa exceptionnellement architecturée, vaste, propre, et lumineuse. Le mobililer est moderne et l’informatique complète. Un vrai plaisir. Notre mission de controle de travaux – des forages, des réservoirs et des châteaux d’eau, des réseaux d’adduction et de distribution vers des bornes fontaine, a créé de l’emploi: un chauffeur, trois gardiens, une cuisiniére, une ménagère veillent au confort et au bon fonctionnement des ingénieurs: un hydrogéologue teuton, un hydraulicien tanzanien et un homme à tout faire en français, le fameux Team Leader. Votre serviteur.

Tout va bien le bateau ne coule pas ! Et voguent les Dowhs. Henry de Monfreid nous voilà…..(la culture s’est comme la confiture….).

Ma chère tante, du plaisir de te lire, je reste dans l’attente.

…et elle ne se fait pas attendre:

Salut Xavier,
Merci de ton long mail.
J’ai beaucoup apprécié son ton joyeux, optimiste et poétique; et quel style! J’aime ton empathie avec le pays, les paysages et ses habitants.
Tes descriptions sont vivantes,colorées,bref tu donnes l’envie de connaître ces 2 îles.J’ai l’impression de te voir évoluer dans ton nouvel environnement.

Et puis,avoir,en quelque sorte,deux vies très différentes: l’une en semaine et l’autre le week-end, est une source de richesse personnelle (même si cela t’entraîne à des dépenses….).

Quel dithyrambe sur les lagons, toi qui as connu ailleurs des paysages exceptionnels.!

Le gars derrière: c’est moi. Le gars devant : un aventurier rencontré le jour même, avec lequel le même jour j’effectuerais à la nage une traversée entre Pemba et une île du lagon, en face de mon restaurant préféré.

Ainsi, l’Islam interdit les préservatifs; je ne m’étonne plus que le sida soit si actif en Afrique. Fais gaffe. J’entends Jean et Paul te faire des recommandations d’usage..Et qu’en est-il des boissons alcoolisées?
Je suis contente que tu partages un appartement avec un copain germanique. Comment est-il? Bref, je suis très heureuse de ton état  d’esprit actuel et de savoir que tout va bien pour toi.
A propos, et tes jambes? J’espère qu’elles ne te font pas trop souffrir.
Grosses bises
Francine

Ma chère Francine:

Tu sais le vrai problème à Pemba c’est que personne ne vient et on ne va chez personne durant le WE. C’est la saison des pluies, on aime bien rester chez soi le week end sans trop bouger. Donc ça ne change pas grand chose. Alors pour se distraire on va à Zanzibar, mais finalement ça fait des dépenses car après une, deux ou trois semaines à Pemba on y va pour s’éclater: bouffer, boire … et danser (les fameux 3 B). Avec l’avion et l’hôtel on a vite fait de se ruiner (plus de 1 million de Tanzanian shilling pendant le week-end); mais rassure toi quand même ça ne fait seulement guère plus, si j’ose dire, de 500 euros. .

Cependant une fois rendu à Pemba on ne dépense rien, tout est payé sauf la petite bouffe qu’on achète au marché local et la cuisinière, à notre charge.
Le loyer, les voitures et chauffeurs, les gardiens, la télé, les ordinateurs, l’internet, le téléphone, l’eau et l’électricité, la clim, la femme de ménage…et même aussi: Mosquito spray, Coffee, Tea bags, Milk en poudre, eau en big bouteilles de 12 litres, sucre 5 kg, Kleenex, PQ, washing power, Air fresher et… sauce chinoise (soyou).
Une (très) charmante hôtesse pékinoise, est à notre disposition pour effectuer ces courses et bien plus encore:
Elle prend en charge tous les problèmes, liés au fonctionnement de la maison, donc du bureau, aux transport (à pied, à cheval, en voiture et en ..avion), consommables bureautiques..etc.Plus la gestion des chauffeurs, et du personnel journalier de maison (gardiens, jardinier, femme de ménage, cuisinière). Nous sommes ainsi déchargés de toute contrainte et pouvons entièrement nous consacrer à notre travail et à…. notre vie intime.
Bisous.


Et, bien plus tard voici une autre lettre.

Ma bien chère tante

Après un démarrage en force voici bientôt 6 mois avec des WE festifs à Zanzibar, on finit  par comprendre que cette île est un peu ratée et dangereuse à cause du tourisme (en Agérie c’était le tourourisme) et du fric. Et l’on y rencontre comme d’habitude les spécialistes du contact qui montent au front à savoir : les taximen et les beautés locales, dans leur lieux favoris, les plages, les restaurants et les boîtes de nuits.
Et tout ceux qui les soutiennent  en arrière plan, encore les taximens, les souteneurs, les grands frères et les flics. Pour mieux réussir leur chasse au fric. 
Bon, enfin, il ne s’agit que d’une courte description, je ne m’en suis,  jamais plaint. Mais plus âgé maintenant je suis une victime propice aux abus de faiblesse (comme Mme Bettencourt, mais pas tout à fait à la même échelle). Evidement je suis aussi un ingénieur sérieux, mais ça c’est pendant la semaine à Pemba. Chateaux d’eau, canalisations, stations de pompage, dans une nature verdoyante. Sans oublier le jus de fruit de la passion  – avec une cuillère de gin –  la télé, mais mon dieu que les soirées sont longues,  après le départ des prestatrices de services..

Voilà, le goût de l’écriture me reviens, mais enfin je parle souvent de moi, c’est ce qui exaspére mon fils. Voilà, et dans deux mois et demi déjà – ou un peu plus- tout cela prendra fin, à moins d’un nouveau contrat (je pense aux Comores) si je sors du pays sans encombres.

Bisous.

Mon JOB à Pemba

Le travail? Parlons en et après les digressions ci-dessus, je reprend mon récit, alors que notre avion, en provenance de Zanzibar, se pose sur la piste à Pemba.
Khalid, qui sera mon chauffeur attitré, nous attends avec au parking, un 4×4 tout terrain Toyota High Lux, brillant au soleil couchant. Quelques kilomètres d’une route campagnarde et à l’entrée de la capitale Chake Chake, après avoir franchi le barrage de police, nous voilà à la villa.dont Waly me fait les honneurs. Fort courtoisement il me cède la chambre principale réservée au chef de mission, tandis qu’il déménage son barda pour s’installer dans une pièce plus modeste. Ma grande chambre me plaît bien, surtout le grand lit tout blanc, prémices d’une reprise de mes activités préférées, avec attenante une vaste salle de bain, dotée d’un lavabo et un miroir (hum, hum…) et d’une baignoire en marbre.
Mon bureau est surélevé par rapport au salon, où se tiennent les réunions du projets: j’adore son vernis goyave glacé, ses tiroirs légers et silencieux, montés sur roulements à billes. Un très confortable fauteuil à roulette, meletonné de cuir noir, de classe « Directeur Général », attend que je me mette au travail. Un autre, identique, un peu plus bas, trône au milieu de la grande table de réunion; où s’attardent quelques épais dossiers à sangle, modèle 1914, de l’ingénieur résident, mon second.
Wali me présente aux assistants de maison, qui nous attendent au garde à vous : les deux veilleurs de nuit, la cuisinière, l’opératrice de surface, et le deuxième chauffeur.
Car je bénéficie de la mise à disposition de deux chauffeurs et deux Toyotas grand luxe.

D’ailleurs, le chauffeur branche son ordinateur sur le video-projecteur, et, tous entonnent en choeur:
« Djambo, Djamgo Bouana, Abarikani, Mousourri Sana.

 » Bonjour, bonjour Patron, tout va bien. Y a pas de problèmes“

Bonjour, bonjour Patron, bienvenue , pas de soucis, tout va bien, il n’y a pas de problème!

Et la cuisinière arrive avec un plateau de spécialités de Pemba (oeil de mouton, tentacules de pieuvres..) et une bouteille de champagne millésimé. Olé!

Première réunion de présentation

Le lendemain matin, c’est la réunion de présentation: en retard comme d’habitude ( les avions au décollage) Madame Rokia, arrive avec son aréopage. Galamment le lui cède mon fauteuil de DG, et on commence par un tour de table. Chacun énonce son nom et sa fonction. Et le sourire au lèvres aligne la formule rituelle: « Jambo, Bouana, mousouri sanaa, akouna matata ». C’est sympa.
Evidement, en ce qui me concerne, il faut que j’en dise un peu plus. Alors j’étale mes 25 pays, mes 11 châteaux d’eau, et mes 5 mariages internationaux, avec ma conversions à l’Islam.
Un peu surprise, mais contente d’avoir affaire à un frère, Mme Rokia, entame une description du programme, mais conclue par un constat alarmant: une erreur a été commise au tout début des travaux, des tuyaux non prévus ont été posés par erreur, et la ZAWA ne peut pas payer l’entreprise tant que Hydroplan ne l’autorise pas. Alors l’entreprise ne veut pas reprendre les travaux. Comme je suis, ici et maintenant le représentant d’Hydroplan, ce que j’en pense? On me demande si je peux signer l’autorisation?
Ce que j’en pense: Mme Rokia devrait aller expliquer tout ça au bailleur de fonds, la Banque Africaine de Développement (la BAD).
Quant à signer l’autorisation, me demander ça aujourd’hui, alors que je viens juste de poser mes valises, c’est proprement une offense. Il n’en est pas question.

C’est à l’entreprise de reprendre immédiatement les travaux, et d’autofinancer les frais. Je connais les entrepreneurs, il sont toutjours en train de pleurer, pour avoir plus d’argent. Je suis sûr que Wang saura trouver le cash pour reprendre les travaux.
Alors M. Wang, sort de sa manche, une lettre d’approbation d’Hydroplan (mon employeur) pour le règlement de ces travaux impayables, et me la tend. Grave erreur de sa part:

Je refuse de recevoir cette lettre, puisque la ZAWA, qui est mon client, ne peut pas payer l’entreprise et je la déclare nulle et non avenue.
Je la déchire sur le champ.

Luocan, adjoint de Wang s’insurge: « vous n’avez pas le droit de refuser un courrier » Je lui répond: « je n’ai peut être pas le droit, mais je le fais quand même ! « .

Ensuite, je déclare vigoureusement que personne ne sortira de notre villa, tant que ce problème qui dure depuis deux mois, ne sera pas résolu.
Du coup Wang, le directeur de Sinohydro craque et lâche du lest; il déclare que les travaux reprendront dès le lendemain matin.
La réunion de présentation a atteint son objectif: les présentations sont faites.
Olé!

N.B.: Un peu plus tard le PDG de la Zawa, me remerciera en privé pour mon action énergique, laquelle après un arrêt de travaux de deux mois, a abouti à la reprise de ceux-ci dès le lendemain de mon arrivée à Pemba.

Dans la cuve du réservoir

En fin de semaine, nous avons une opération importante: le premier coulage de béton, pour façonner la tulipe du réservoir.

J’aimais bien, même la nuit prendre l’ascenseur ( en fait une nacelle, au bout du câble de la grue), pour monter dans la cuve, et rejoindre les travailleurs en grand nombre tout là haut. J’aimais cette ambiance de chantier, notamment pendant le bétonnage des cuves, la nuit. Ca bouge là haut, c’est du vivant….à l’état brut!

Isolé, détaché du sol, là haut à 15 mètres de hauteur, dans l’obscurité profonde de la nuit, comme un vaisseau flottant sur l’épaisseur de l’océan, la cuve du réservoir grouille de monde. Chacun s’affaire à sa tâche individuellement ou en équipe. Ils sont montés ici pour le bétonnage de la cuve du réservoir.

Intrépide, je monte dans la nacelle tirée vers le haut par le câble de la grue. Elle sert aussi à monter le béton préparé en bas, à proximité. Un koufat (benne à ouverture par le fond pour délivrer le béton) par voyage. On commence à couler par le bas des coffrages, et le niveau du béton se met en place puis s’élève progressivement jusqu’en haut. Alors les équipes de talocheurs en affinent la compacité et le profilage sur une épaisseur de vingt centimètres, et une largeur de l’ordre d’un mètre de part et d’autre Et ainsi de suite, mètre par mètre on fait le tour complet de la circonférence. La cuve est alors entièrement bétonnée.

C’est un travail qui doit être effectué en continu sans arrêt jusqu’à ce que le tour complet soit effectué et le ragréage avec le béton de la première coulée effectué.

Des bâches sont ensuite mises en place sur le béton humide pour faire écran à l’évaporation de l’eau et favoriser ainsi son durcissement progressif, indispensable à l’obtention d’une bonne résistance finale du béton en place.

Il faut donc beaucoup d’ouvriers spécialisés pour effectuer, dans l’ordre toutes ces tâches: ici, ce soir ils sont une quarantaine dans la tulipe du réservoir, dont un chef de chantier expérimenté. C’est, on le comprendra un travail très physique, jour et nuit, et les musculatures ruissellent de sueur malgré la fraîcheur nocturne à Pemba..
Qui n’a pas assisté au moins une fois à ce bétonnage ne peut avoir une compréhension réelle du travail de l’entreprise. C’est malheureusement le cas de certains Maîtres d’Oeuvre qui ont peur d’aller voir en haut, comment ça se passe. Mais à Zanzibar ça ne se passera pas comme ça !
De là haut, je vois Rukia et ses collaboratrices, se pointer sur le chantier. Je prend la nacelle en haut et la grue me descend en bas, à leur rencontre. Je leur fait un point rapide et les invite à aller voir le spectacle dans la tulipe. Donc à monter dans la nacelle. Rukia et ses soeurs hésitent, se regardent, et finalement, Rukia déclare: “nous allons monter dans la nacelle, mais seulement si Mr Meyer monte avec nous. Whaou, quelle confiance! ».

Alors, fier comme Artaban je leur ouvre la porte de la nacelle, leur fait un petit topo sur la sécurité de ce moyen de transport, (rigoureusement interdit en France), referme la porte, et fait un pouce en l’air au grutier. Ca roule, mes poules….Elles découvrent de haut pour la première fois la tâche principale qu’est le bétonnage la cuve et les commentaires vont bon train. Puis on les descend doucement dans un coin du chemin de ronde. Leur djellabias d’un noir de velours se teintent plus ou moins de gouttes de béton lors du tour de piste que nous leurs commentons. Mrs Wang et Luocan sont leurs chevaliers servants, et les prémunissent de tout incident.

Fin du ferraillage de la cuve du chateau d’eau.
Préparation du bétonnage de la cuve.

Natasha

https://www.youtube.com/watch?v=nQlvr2JD9h8
Mariage (?) en musique à Pemba.

Maintenant la semaine de travail se termine; alors l’adorable pékinoise de Sinohydro, qui veille à notre bien être, nous délivre à notre bureau, nos billets d’avion (AR) pour aller faire la bringue à Zanzibar. À Zanzibar, pour Wali et moi, c’est tous les jours Dimanche.

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