Nous ne vous garantissons pas qu’à chaque séjour à Kauehi, vous dégusterez, au Kauehi Lodge, de savoureux crabes des cocotiers, pas plus que nous vous garantirons que vous en trouverez en farfouillant de jour ou de nuit dans la brousse. Sauf à les appâter avec une noix de coco, ces énormes pagures, de la même famille que les bernard-l’hermite, sont en effet très discrets et très craintifs. On les trouve sous des blocs coralliens, sous des troncs d’arbres, cachés par d’épais fourrés et des palmes de cocotiers au sol, voire au fond de terriers creusés sous les racines des Pinonia grandis par exemple. .
Nous le savons tous, ces animaux, qui sont les plus gros arthropodes terrestres, n’ont qu’un point faible, leur goût plus que prononcé pour les noix de coco dont ils se délectent la nuit, parvenant, grâce à la puissance redoutable de leurs pinces, à en enlever la bourre avant de les ouvrir. . .
A propos de leurs pinces, il est bien évident qu’il est plus que recommandé de s’abstenir d’y approcher un doigt, sauf à chercher l’amputation volontaire. A manier donc avec la plus grande prudence.. .
Leur poche ventrale, très grasse, passe pour être le caviar des Tuamotu alors que le reste de leur corps a une saveur comparable à celle des gros crabes ; accompagné d’une petite mayonnaise maison, le kaveu est un délice sur une table, mais il peut être aussi –parfois– très dangereux, voire mortel. Comme son “copain-cousin” le bernard-l’hermite, le kaveu se nourrit de toutes les substances animales ou végétales passant à sa portée ; il ne dédaigne pas les cadavres de rats quand ceux-ci sont victimes de poison dans les cocoteraies, ni non plus certaines plantes toxiques, une toxicité que l’on peut retrouver dans leur chair. Des cas d’intoxication ont été relevés aux Tuamotu, très rares heureusement, et même des cas mortels à l’île de Maré au large de la Nouvelle-Calédonie. Les kaveu y avaient mangé des fruits de Cerbera odollam, les redoutables et mortelles fausses mangues du reva. . .
Le crabe des cocotiers mesure en général une quarantaine de centimètres pour les spécimens arrivés à l’âge adulte, avec une envergure, pinces écartées, au maximum de 80 cm (parfois un mètre). Pesant un à trois kilos, le kaveu semble pouvoir prendre des dimensions bien plus importantes dans certaines régions de l’Indo-Pacifique puisque des spécimens de dix-sept kilos auraient été capturés. .
A noter que cet animal a une vie marine durant les trois premières années de son existence : la femelle pond à marée haute (50 000 à 150 000 œufs) qui se développent sous forme de larves pendant quelques semaines avant de se transformer en petits crustacés s’abritant dans différentes coquilles. Plus ils grandissent, plus les jeunes kaveu se rapprochent de la terre où ils finissent par s’installer à l’âge de trois ans. Ils perdent alors leur coquille d’emprunt, leur carapace se durcit et la force de leurs pinces s’affirme comme arme défensive. Ils ne peuvent plus alors respirer dans l’eau ; leur espérance de vie est d’environ trente ans. On ne leur connaît que deux ennemis, une toute petite fourmi et surtout les êtres humains qui les pourchassent pour leur chair. .
A noter que son nom latin “latro” est à rapprocher de ladron en espagnol ou de larcin en français : Birgus latro est en effet réputé pour être un fieffé voleur de nourriture, y compris dans les maisons ! !
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