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Épilogue

Histoire d’eau

Epilogue

A 14 ans, je rentre du football, et chemin faisant, pour la première fois je me pose la question : d’où est-ce que je viens ? Qui suis-je ?
Je suis Xavier Meyer, le fils de mes parents. Je le sais, je les vois, les entends, je peux les toucher, et même les sentir (par contre comment les goûter, j’vais quand même pas en faire un méchoui !) …
Mes parents, mes grands-parents sont morts, mais où sont-ils à présent ? Peut-être à l’endroit où j’étais avant de naître.  
Je ferme les yeux ; quelque chose ou quelqu’un là-haut dans l’espace? Un voile noir apparaît alors collé à l’intérieur de mes paupières : je rouvre mes yeux pour ne pas tomber. Je les écarquille, puis un léger mouvement de la tête vers le haut, presqu’imperceptible, je chasse ces pensées,
je passe à autre chose…Un élan de spiritualité vite réprimé ? 
Mais alors, que me réserve l’avenir ?

Et aujourd’hui, soixante ans plus tard, que me réserve l’avenir ?
Ce matin, chez Hilaire, Le pâtissier de Papeete, je referme les yeux et réduis mon rythme biologique en hachant ma respiration en petits morceaux. Le voile noir s’épaissit, et tout naturellement, inspirations, et expirations se minimisent. 
Relaxation, j’entre en méditation. Contemplation, sensations de lévitation.
Qu’est je fais de mon passé ? Que sont mes tendres années devenues ?  Si ce manuscrit les décrit, et s’il n’en dégage pas le sens, je me propose de le déceler dans ce court épilogue et dans d’autres épisodes à venir, plus tard.
Et si je n’en saisi pas le sens profond, je me contenterai de suggestions, explications et/ou raisons de mes actions.

Et puis, ce livre : “Merci à l’Univers“ je l’ai écrit pour montrer à moi-même, et au système, que j’ai encore une valeur propre. Comme les matrices mathématiques, après diagonalisation.

S’il est vrai que la religion du futur, le DATAÏSME, est déjà en œuvre à présent, alors je me dois d’aller au-delà des expériences que j’ai vécues, en les enrichissant par leurs transformations en données, en Data, pour les faire circuler sur la Communauté des communautés, c’est-à-dire, sur l’Internet. Sur le Net. 
Net et clair : voilà pourquoi à la présente version manuscrite de mes tribulations, publiée présentement sur velin supérieur, j’ai ajouté une version numérique publiée sur mon site :
www.mercialunivers.com 

Publié sous WordPress, au-delà des mots (c’est-à-dire de la littérature) le récit s’enrichit des sons et des images, des explosions et des chansons, des caresses et coups de poing, du goût et des odeurs de cuisines mais aussi des égouts, restituées par les photos, et les vidéos avec en arrière-plan, des gens qui agissent, parlent, témoignent, acceptent ou rejettent, et aussi parfois des reportages riches en ressentis, sentiments, et émotions. 

Un service rendu aux algorithmes de Google et de Face Book, pour ne citer qu’eux, qui me connaissent déjà mieux que je ne me connais moi-même. Avant de réaliser ….qu’ils peuvent entraîner d’ici 2000 ou 3000 ans, la disparition de l’humanité, qui n’aurait alors été, dans l’espace et le temps qu’une brève onde temporaire diluée, submergée, par  le flots universel des informations quantiques portées par les Datas. Lol…Ouf !

En attendant, je suis, on l’aura compris, un ingénieur pour l’eau potable. . J’ obtiens mon diplôme en 1968, l’année de la révolution altruiste lorsque s’institue l’aide des pays riches vers les pays pauvres.
L’accès à l’eau potable pour les pays les plus démunis est prioritaire. Xavier y travaillera pendant 50 ans dans 25 pays. Contribuant, avec les autres, à l’alimentation en eau potable de 50 millions d’êtres humains.

Des bailleurs de fonds, des ONG, des Autorités et des populations bénéficiaires, souvent malmenées, affamées, épuisées, assoiffées, des entreprises, des amis dans tous les pays, des religions multiples, et des femmes aussi, des chances et des dangers et les crises humanitaires, ont façonné en moi, en l’ingénieur de l’eau, si l’on préfère, une personnalité transculturelle, peu banale.

Ainsi our terminer ce livre, je crois bien faire en mettant en exergue ma « Baraka », mes chances, et….mes ballades à moto, puis les femmes qui ont compté dans ma vie. Les moments les plus chargés de ressentis, de sentiments et d’émotions. Des moments tendus durant lesquels j’ai vraiment vécu l’instant présent. Intense, instantané et jamais différé.

Mes chances, ma Baraka, sans laquelle je serais mort dix fois :

– A 17 ans je survis à un coup de feu, tiré à bout portant par mon copain Roger, et qui me traverse la gorge.

– Un mois plus tard les cours de maths du père de Roger me révèlent mes talents en maths et m’orientent vers une vie d’ingénieur. Une chance que je ne soupçonnais pas encore.

– A 24 ans, l’obtention de mon diplôme coïncide avec le début des programmes de développement du tiers monde, à l’origine d’un besoin affirmé d’ingénieurs hydrauliciens. Une vraie chance pour moi.

– A 24 ans : « emporté par la foule, qui me draine et m’entraîne » traversant la place D’jema el Fna à Marrakech, un assassin me bouscule et plante un poignard dans le dos de la personne devant moi qui s’écroule à mes pieds.

– A 42 ans : une semi-remorque fou, et sans conducteur, lourdement chargé dévale sans un bruit, une pente prononcée. Il croise alors le chemin que je viens d’emprunter, à pied. Il poursuit sa course et entre à toute vitesse dans un parking où il détruit complètement quatre véhicules en stationnement. 
A 15 secondes près, j’étais mort.

– A 44 ans : nous faisons au Sénégal, nous faisons une campagne de forages en Casamance, dans la zone forestière abritant une rébellion depuis des années. No problem pour nous. Des experts allemands n’ont pas eu la même chance au même endroit, la même année.

– A 47 ans, en Guinée forestière, grâce à mon engagement personnel, un soir, j’ai pu secourir une centaine de réfugiés en détresse, des jeunes, des vieux et des vieillards, hommes, femmes, enfants. Je vous raconte comment ça s’est passé :

Au Field office du Haut-Commissariat aux Réfugiés, à N’Nzérékoré, capitale de la Guinée forestière, nous arrivent vers 16 h, des rumeurs sur un afflux possible de réfugiés de Sierra Leone, qui auraient quitté précipitamment leurs maisons le matin, à l’aurore. Ce groupe serait en marche vers un village guinéen situé à une vingtaine de km de la frontière, à l’intérieur de la Guinée. Ils espèrent y trouver l’assistance du HCR.  

Cependant, après 16 h, les 4×4, et les camions des ONG sont rangés dans leurs garages et les chauffeurs rentrés chez eux, (ce sont les consignes de sécurité). Ainsi que tous les employés du HCR. 

Heureusement, peu de temps après mon arrivée dans le programme, je me suis acheté une moto type enduro (Honda 150) bien pratique pour rouler plus vite que les 4×4 sur les pistes bosselées dans la forêt primaire.

Donc, en l’absence de réaction de mes collègues du HCR, je me rends, à moto au village guinéen concerné que j’atteins après une heure de motocross sur une piste en latérite. Les véhicules de l’ONG en charge de la logistique dans cette région, sont rangés, bien en ligne avec leurs portières avant bien verrouillées. Personne sur place !

Sauf un dernier chauffeur auquel j’expose la situation. J’ai besoin de lui et de son camion (qui peut transporter une centaine de réfugiés – debouts évidemment).

Je lui demande d’attendre mon retour, et je repars en moto à la recherche des réfugiés.

On m’indique la piste vers la frontière, je roule environ 20 km et à la sortie d’un virage je tombe sur eux. Un groupe chargé d’objets et de ballots hétéroclites (je me souviens d’un sommier de lit métallique) , en train de traverser la rivière. Et d’une grand mère portée à bout de bras. Leur chef m’explique : fuyant l’arrivée des rebelles, ils marchent depuis 04 h du matin, et sont épuisés, assoiffés et affamés; quelque uns blessés par balles. 

Ils sont donc en train de traverser cette rivière qui marque la frontière entre la Sierra Leone et la Guinée forestière. (Nous sommes en pleine forêt, où il n’y a pas de gardes-frontières). Puis il leur faudrait maintenant encore marcher 20 km à pied pour rejoindre le village d’accueil. Marcher toute la nuit, avec la pluie qui commence à tomber ! 

Je lui dis que je retourne au village guinéen et leur envoie un camion. « Arrêtez de marcher, et attendez ici ». Dans une heure le camion sera là.

Je retourne vers le camion et son chauffeur. Réticent au début le chauffeur accepte finalement, puisque je lui assure que je lui paierai moi-même, demain matin ses heures supplémentaires.

Puis je prends congé et me dirige toujours à moto vers la ville la plus proche pour y passer la nuit. 

Le lendemain de bonne heure, je reviens vers le chauffeur qui m’explique que tout s’est bien passé, qu’il a ramené tous les réfugiés, et les a installés à l’école du village. Il a aussi pu leur obtenir des vivres avec l’ONG.

Malheureusement une jeune femme, enceinte est morte pendant le transport.

Ils sont en train creuser un trou à côté de l’école pour l’enterrer. Les réfugiés m’appellent pour participer à l’enterrement, puis on fait ensemble quelques prières et enfin ils m’expriment leur gratitude avec gravité et sincérité. Je les salue tous et je retourne vers le chauffeur.  » Combien je te dois pour tes heures supplémentaires ? Comme promis je te les paie maintenant ».

Sa réponse m’a surpris et beaucoup ému.

Il me dit : « Monsieur Xavier non seulement tu ne me dois rien, c’est moi qui te dois.
Tu m’as permis de réaliser ce que je n’ai jamais fait dans ma vie jusqu’à aujourd’hui »
Je n’ai jamais oublié ces mots. Nous venions juste tous les deux de sauver une centaine de personnes.

Chance pour eux et aussi chance à nous. On n’oublie pas ce moments-là.

Autres chances :

– A 47 ans au Niger deux lions adultes, sont introduits dans ma chambre. No problem. Chance à moi.

– A 48 ans en Guinée Conakry, pendant le couvre-feu, là où mon 4×4 étant immobilisé dans une flaque d’eau, j’ai eu le temps de compter 17 militaires guinéens courant vers moi, mitraillette au poing, hurlant et vociférant. J’essayais juste de contourner leur barrage en empruntant un chemin de traverse pour aller danser au « coton club ».
Ma chance : j’ai pu arranger ça en discutant au milieu de la nuit avec un commissaire de police. Finalement plus de peur que de mal !
( un coup monté, entre la gazelle et le commissaire?).

A 49 ans toujours en Guinée, je décide à la sortie d’un dîner en ville avec des amis, de rentrer à l’hôtel en empruntant une longue portion de route, toute droite mais en sens interdit. Ceci pour éviter une bonne partie des 17 barrages de police ou de l’armée auxquels il fallait s’arrêter. Chaque contrôle prenait du temps, et rejoindre l’hôtel pouvait durer entre une et deux heures. Seulement voilà, un tank était en poste au bout de la ligne droite. En approchant, nous réalisons que la tourelle du tank est en train de pivoter pour pointer son canon tout droit dans nous.  Ça fait un drôle d’effet et redoutant le tir, donc le pire, nous n’étions pas vraiment rassurés. Cependant nous voyant avancer, lentement vers eux, phares réduits et clignotants rouges, les soldats écartent les barrières et nous laissent passer, en nous saluant au garde à vous. Pourquoi ? Ils avaient reconnu le drapeau bleu des Nations Unies, qui flottait à l’avant gauche du capot de notre véhicule. En effet le Représentant en Guinée du HCR estimant que sortir seul le soir, à pied, était dangereux, me prêtait parfois son 4×4 diplomatique. Plutôt sympa, n’est-ce pas? Plus de peur que de mal.

 – A 52 ans pas de problème au Mali, au Nord de Tombouctou, malgré la présence des terroristes islamiques d’Al Quaïda.

– A 55 ans, en Albanie, où le HCR mets à ma disposition, dès mon arrivée, le  4×4 d’un collègue hydraulicien touché par une balle à la tête,  quelques jours avant, lors d’une embuscade à Tirana, la capitale.

– A 62 ans pas de problème non plus dans le Nord du Tchad, occupé par la rébellion à Hissène Habré. 

– A 50 ans, au Zaïre, lorsque j’apprends que Ricardo, l’ingénieur que je venais remplacer a été tué, quelques jours avant mon arrivée, lors d’une réunion de coordination à Bujumbura la capitale du Burundi. Un témoin du HCR me raconte : “les militaires en bleu – tutsi – ont fait irruption dans la salle de réunion, et ont mitraillé, sur Ricardo, puis à la ronde…je me suis précipité sous la table. Et j’ai eu la vie sauve“. A sa connaissance, Ricardo connaissait un général tutsi, qui lui avait confié des projets secrets qu’il ne fallait pas dévoiler… 

– A 50 ans toujours, une bombe explose sur la place du marché de Bujumbura, alors que j’étais en train d’y effectuer mes courses. La place, pleine de monde c’est vidé en moins d’une minute.

 – A  51 ans, quelque jours après mon départ du Zaïre, quatre ingénieurs hydrauliciens venus pour l’extension du programme au Burundi, sont fauchés dans leur 4×4 par une rafale de mitraillette.

– A  61 ans, je suis en Algérie sur un grand chantier de barrage. Un matin quatorze topographes algériens assis dans le minibus qui les transportent chaque jour au chantier, périssent tous dans un attentat terroriste, à 30 mètres de ma chambre dans notre immeuble de résidence à Bouira.

– A  62 ans toujours en Algérie une bombe ravage le siège de l’ONU à Alger.

– A 67 ans au Maroc, sur l’autoroute Casa/Rabat, je subis en voiture un caillassage, par une foule en colère, à la sortie du stade de foot Moulay Abdallah. Le pare-brise explose et de forts impacts sur les portières. En fait j’ai été sauvé par un 4×4 qui a dissipé la foule en arrivant à mon niveau, à tout allure et klaxon à fond.   Chance encore, et je m’en sors sans une égratignure.

– Plus généralement entre 1991 et 1998, donc pour moi de 47 à 54 ans, nous avons sillonné le Sahel à moto, en long, et en large : Maroc, Mauritanie, Gambie, Guinée eq. et Afrique noire: Sénégal, Mali, Burkina Faso, Cote d’ivoire, Guinée, Bénin, Togo, Niger, Tchad, Nigeria. Plus la France et l’Espagne.

Nous avons trouvé une Afrique globalement en conflit avec des rébellions internes et nécessairement externes car les rebelles trouvent refuges dans les zones frontalières et/ou désertes. Citons en particulier la boucle du Niger autour de Tombouctou, repaire d’Al Caïda et Acmi (Al Caïda au Magreb Islamique), le Mujao à la frontière du Tchad, Poko Haram plus les deux rebellions Touaregs de la région du fleuve et le Front islamique arabe de l’Azawad.  Sans oublier Daech présente au Mali depuis plus de 7 ans.

Nous ne roulions quasiment jamais sur les routes goudronnées, plutôt sur des pistes peu, voire très peu fréquentées. Et nous n’avons jamais rencontré de rebelles, et c’est tant mieux.

Merci  donc une fois encore à l’Univers de m’avoir maintenu en vie avec toutes ses chances.

La moto enduro 1

France, Espagne, Maroc, Mauritanie, Gambie, Guinée éq. et Afrique noire: Sénégal, Mali, Burkina Faso, Cote d’ivoire, Guinée, Bénin, Togo, Niger, Tchad, Nigeria

La moto enduro 

La moto enduro n’est ni le cross, ni le road trip. Elle est tout simplement conçue pour le tout- terrain. C’est à dire la route et la piste. Mais sans la contrainte de la vitesse, sans concurrence et sans rivalité. C’est plutôt une bande de copains, mordus par le même désir de sortir des sentiers battus, de côtoyer la nature et, du coup les animaux, les hommes, les autochtones, leurs femmes et leurs enfants, leurs villages, leurs maisons, leur fleuve,, leurs lacs, et leurs cultures,…. et leurs points d’eau. Voir et comprendre, se faire expliquer, montrer leurs ressources, pêche, chasse, cueillette, et bien sûr l’eau, source de vie.

” El Ma Owel haiat, Makench Haiat bidouni ma”.
 » L’eau c’est la vie, y a pas de vie sans eau, en arabe“.

L’intrusion soudaine, forcément bruyante, dans un village d’une horde de motards, casqués et bottés se mue, après un temps de surprise, voire de stupéfaction, en calme et premiers contacts. Le plus audacieux marche vers nous, et nous nous serrons la main. On va chercher derechef le chef de village. Un petit groupe s’agglomère où les langues se délient et les commentaires vont bon train. Évidemment nous n’y comprenons rien, mais ne pouvons rester insensibles à l’ambiance souriante et joyeuse. Ils, ou elles s’approchent et touchent, caressent la carrosserie des motos. Bon, parfois un habitant parlant français nous rejoint, mais le plus souvent, les échanges se basent sur des signes, des gestes de mains et sur des postures, attitudes, inférences faciales que nous comprenons tous, par-delà tous les pays de ce vaste monde. Nous, les ci-devant motards, parce que nous sommes depuis quelques années résidents en Afrique, eux parce qu’ici ces inférences sont les leurs. Des gestes vers le/les corps (moi, j’ai chaud : on m’apporte de l’eau…etc.), les questions usuelles posées dans des bribes de bichlamar (nous: fin aoua el trek Marrakech? par où la route de Marrakech ?), (eux, curieux, posant des questions: d’où venons nous, qui sommes-nous?, où allons-nous?).

Questions qui nous tracassent depuis notre naissance, et aussi le titre d’un célèbre tableau de Paul Gauguin.

Parfois pour répondre à la demande d’une fille du village, toute excitée, et ses sœurs aussi, nous acceptons de leur faire faire un petit tour aux alentours.

Honni soit qui mal y pense !

Selon l’heure nous demandons le gîte au chef du village. C’est sacré, et bienveillant il nous emmène voir une case réservée aux visiteurs, et nous y passerons, bien volontiers la nuit.

En attendant il va égorger une poule, et nous la faire préparer par les femmes.

Et parfois le village organisera une veillée, autour d’un feu de bois. Et chacun, et chacune y dansera à loisir, selon les chants et les rythmes de leur ethnie. Et nous de la nôtre. Puis naturellement, sans même y penser, les motards et les villageois transcendant les différences originelles, réalisent l’union, l’unité, en dansant, en surfant tous ensemble sur les vagues gestuelles et musicales des ressentis, des émotions, et des sentiments. La transe en dance!

Synchronicités

J’écris les mots ci-dessus, un samedi matin, au bord du lagon, à Tahiti, alors qu’une course de pirogues va se dérouler sous mes yeux. L’organisateur appelle, avec son porte-voix les équipes féminines :

“Les femmes de la première poule préparez-vous” et ceci au moment précis où je tape “une poule préparée par les femmes”… Coïncidence qui ne peut m’échapper. Coïncidence, ou bien synchronicité ?

Je me souviens de deux autres synchronicités vécues ces derniers temps : 

La première : 

Mon prénom est XAVIER.

Je sors d’un excellent film intitulé YAO, prénom du jeune acteur qui tient la vedette avec Omar Sy. Chemin faisant, je remarque, surpris, une grande banderole publicitaire affichant au premier étage, sur la façade d’un immeuble : “XAVIER YAO”. 

Troublant, non ?

La deuxième synchronicité : 

Je marche vers le cinéma Liberty, en pensant par hasard à Bachir Djaoui, mon second, lors d’une mission en Algérie. Pour lui permettre de ne pas gaspiller son salaire dans des frais d’hôtel, j’avais accepté de l’héberger chez moi, dans un grand appartement loué par mon employeur au meilleur hôtel de la ville. Nous sommes donc devenus rapidement ami. Bachir, un homme fin et distingué, animé comme moi, par sa passion des femmes. Il m’a appris beaucoup de choses sur l’Algérie et les algériens, mes partenaires pour le travail. Il m’a aussi parlé de la guerre d’Algérie du point de vue algérien. Sans haine et sans passion. Il en voulait plutôt aux terroristes islamiques qui ravageaient son pays depuis une dizaine d’années. Et, qui au petit matin, livraient la tête de leurs victimes, sur un plateau, à la porte de leur appartement. 

Mon ami, Bachir DJAOUI est mort il y a quelques années. D’un cancer mal placé (à l’anus). Il m’en parlait ainsi lorsqu’ayant appris sa maladie, je l’appelais du Tchad.

Revenant en Algérie, pour une nouvelle mission en zone dangereuse, je devais revoir Bachir DJAOUI deux ou trois fois avant sa mort.

Chemin faisant, j’arrive au cinoche et levant la tête, me saute aux yeux le nom de l’actrice phare, Isabelle DJAOUI au centre de l’affiche.

Une troisième synchronicité :

Vous en voulez une autre ? Eh bien, j’ai acheté hier, le livre de Bertrand Picard “Changer d’altitude”. Ce matin j’ai mis son livre dans ma sacoche, je marche vers l’océan et arrivé au bord du lagon, je l’ouvre au hasard, page 314 (facile à retenir pour un matheux) : l’auteur y développe sur les synchronicités !

Picard, sacoche, 314, femmes, préparer, poule : 

6 signes en 2 jours. Je me plais avec Bertrand Picard et Mathieu Ricard, son préfacier, à appeler cela “une synchronicité”.

Je me permets de vous en livrer, ici et maintenant, un extrait qui m’a branché, et qui vous branchera peut-être.

D’abord il explique une synchronicité, qui ressemble à celle que j’ai vécu avec Bachir JAOUI. Je lis je cite Bertrand Picard : 

“Je roule en voiture sur l’autoroute avec une amie guérisseuse qui me raconte des choses que j’ai peine à croire. Au moment où elle mentionne le nom précis d’une personne, nous arrivons à la hauteur d’un camion portant sur sa bâche, le même nom que la personne en question ! Mon scepticisme s’évanouit sur-le-champ.”

Puis Bernard poursuit :

Au-delà des vols les plus fabuleux dans des paysages féeriques, les synchronicités sont pour moi les instants les plus passionnants de l’existence. Des instants magiques où j’ai l’impression d’être accompagné même si je ne vois personne, d’être inclus dans un ensemble plus vaste où autre chose existe bel et bien, même si je ne le comprends pas.

Pourrions-nous être guidés? Guidés pour nous montrer où aller, comment nous comporter, pour nous encourager dans une décision ou parfois pour nous remettre à notre place quand nous exagérons ?

Le karma serait sûrement plus facile à comprendre s’il nous offrait toujours, une synchronicité explicative ! Mais peut-être qu’il le fait et que nous ne le voyons pas.”

” Est-ce qu’il faut une prédisposition particulière pour remarquer les synchronicités ? Je n’en ai jamais eu l’impression. Par contre il en faut une pour ne pas les voir. Il suffit pour cela de ne jamais rien chercher derrière le voile des évidences et de tout attribuer au hasard ; d’être persuadés qu’il n’y a pas de monde supérieur, qu’il n’existe rien d’autre que ce que nous pouvons voir, toucher et mesurer.

On ne trouve de toute façon que ce qu’on cherche. Admettons donc que nous ne voyons pas l’entier de la réalité, soyons ouverts au reste, et nous percevrons peut-être quelque chose d’autre. Allons-nous ainsi attirer davantage de synchronicités? Je ne sais pas, mais en tout cas cet esprit- là nous permettra de remarquer celles qui se présenteront”.

“J’y vois une interface concrète entre le monde du visible et celui de l’invisible entre l’état de léthargie dans lequel nous vivons habituellement et l’état de véritable éveil où le sens de la vie deviendrait évident. Où nous pourrions percevoir que nous sommes régis par des lois qui nous dépassent. Cela pourrait bien augmenter notre conscience au lieu de limiter notre liberté.

Et l’intuition ? Ce serait le moment où la chape qui nous recouvre laisse passer quelques informations, où le monde supérieur devient accessible, où des bribes d’explications nous sont offertes. On se demande toujours comment des gens comme Einstein, Newton, Archimède ont pu découvrir certaines des grandes lois de l’univers. N’ont-ils pas laissé simplement parler le monde supérieur à travers eux ?

Pourtant ce n’est que le tout début du voyage. La quête commence et continuera aussi longtemps que nous aurons le courage d’en traverser les différentes altitudes. Et si vous ressentez parfois un peu de vertige devant l’immensité de la tâche, utilisez un des outils que vous aurez trouvés pour le transformer en esprit d’aventure et en désir d’exploration”.

Ici, je reprends l’écriture.

Merci à Bertrand Picard pour ses intuitions son ressenti, et son inspiration.

Comprendre les synchronicités nécessite concrètement, selon moi, de dépasser notre cortex moderne, notre appréhension analytique dichotomique, qui découpe chaque événement en de multiples sous-ensembles, soigneusement étiquetés, analysés, et reliés entre eux par différentes fonctions, choisies dans un éventail mathématique, physique, psychologique, philosophiques, …etc., pour aboutir à la relation finale de causalité : ceci s’est produit maintenant parce que cela c’était produit avant. La fameuse causalité événementielle : la cause précède l’effet.
Pour ressentir les synchronicité, il faut lâcher prise sur tout ça.
Comme cela par exemple :

Depuis un an, la pratique de la méditation 

– dans le vide – couplée à une technique respiratoire simple, me conduit le soir aux portes du sommeil, et provoque sur l’écran noir de mes yeux fermés, l’apparition de visions imagées, colorées, psychédéliques, et animées. Des hallucinations.

Plus surprenant encore, dans la pénombre de la nuit, allongé sur mon lit, mes yeux ouverts projettent sur le plafond ces visions animées, voire très animées, par une sorte de mouvement brownien, avec parfois une perception d’ondes en 3D. Et en même temps je ressens les activités, de mes neurones zone par zone, je scanne mon cerneau, comme lors d’une IRM. 

Cool, non?

A force de m’observer, j’ai pris peu à peu conscience d’une autre manière de penser bien moins fatigante : refuser clairement le cortex, et s’en remettre au subconscient qui déroulera ses algorithmes dédiés. A partir de questions clairement formulées par la pensée, et du cadre général contextuel globalement décrit (par exemple visualisé en un cliché), le subconscient me fournit en général une réponse dès le lendemain… ou bien quelques jours plus tard.

Sous forme d’une stratégie, correspondant à la vision d’ensemble de la solution, qui s’impose d’elle-même.

Mais il faut, bien sûr avoir fait sa “demande à l’univers” (une métaphore) de manière claire, sincère et motivée.

Je reviendrai sur tout cela dans un chapitre ultérieur. Vous verrez ce n’est pas triste !


Alors que ce matin j’écrivais sur les motards et les trips “enduro” dans la brousse et les villages africains, cet après-midi les deux derniers clients du restaurant que je squatte, pour la nième fois, entament une discussion sur le moto-cross et l’enduro. Coïncidence, synchronicité.

Je me joints à eux, l’un a pratiqué, ces deux spécialités de longue date. Le moto-cross à Tahiti, l’enduro en France (ce qui n’est plus possible, depuis plus de 30 ans, la plupart des pistes forestières étant fermées au public). Il a roulé aussi dans l’enfer du sable aux rallyes annuels de la plage du Touquet.

Pour lui l’enduro, sur piste à allure raisonnable, dans la nature, c’est 80% de technique et 20% de coronnès (sic), alors que le motocross, la piste à donf mais sur un circuit, c’est 20% de technique et 80% de coronnès (resic)…

Pour moi : 10 kilomètres en tête du Paris-Dakar.

Nous parlons un peu aussi du Paris-Dakar, c’est inévitable.
Je n’ai pas fait le rallye, en totalité, mais un jour que nous allions assister à l’arrivée d’une étape pas loin de chez nous, au Mali, je m’étais positionné, pour rire, sans rien dire à personne, dans une profonde ornière, sur la piste, et me laissais conduire, épousant ses courbes, à bonne allure. J’étais donc, momentanément en tête de l’étape! Mes copains, groupés un peu plus près de l’arrivée, n’en sont pas revenus quand s’attendant à voir émerger le champion Stephan Peterhansel, et concentrés sur le bruit de son moteur, ils m’ont vu passer devant eux, le premier de la course, en leur faisant un coucou d’une main, le sourire aux lèvres!

Mais ça n’a pas duré longtemps, Stéphane Peterhansel, le vrai premier, m’a vite rattrapé et en sautant à l’autre ornière, m’a dépassé sans encombre, en me gratifiant d’un signe amical de la main. (Si la main n’est pas libre on écarte la jambe gauche, bien raide, de la carrosserie). 

Cependant les véhicules qui suivaient (ceux qui étaient en tête du classement et se battaient pour la victoire finale) ont fondus sur moi, comme la vérole sur le bas clergé ; mais occupant les deux profondes ornières, ils n’en pouvaient sortir, donc ne pouvaient pas me doubler, à moins de me passer dessus. Soucieux de ne pas les retarder, j’ai foncé au plus vite de mes possibilités, espérant trouver tout de suite une échappatoire pour sortir de l’ornière, donc de la piste. Mais, ça n’a pas été si simple, et le temps que je dégage, je peux dire que j’ai eu la sensation de risquer ma vie, avec un de ces bolides à mon cul, ambiance de cris, insultes et vociférations, klaxons à fond mêlés au vrombissement des moteurs. Cramponné à mon guidon je n’en menais pas large. Mais, mes poursuivants n’appréciaient pas du tout, mais alors pas du tout, la plaisanterie car ils étaient en train de se faire remonter au classement général. J’avais aussi à l’esprit les morts parmi les populations locales, qui jalonnaient les précédents Paris-Dakar. 

Et puis soudain par miracle, les ornières disparaissent, je peux m’écarter sur la droite et suis immédiatement dépassé par une cohorte de prototypes en furie, sous les klaxons et les quolibets, affublé de tous les noms d’oiseaux. 

Ouf, ils sont passés, je continue…c’est moins dangereux et je ne bloquerai plus personne…il n’y a plus d’ornières, juste du sable, ramolli par ceux qui m’avaient doublé ; ce n’est pas facile, mais le sable mou, à moto, je connais bien, je le pratique tous les jours à Niamey et dans les environs. 
Il faut savoir que, dans les journaux, on accusait le Paris-Dakar de déstructurer et donc rendre impraticables toutes les pistes sableuses, où les bolides et les motos s’engagent, sans vergogne, à toute allure !

Le plus fort c’est que, passant la ligne d’arrivée, je suis enregistré comme concurrent de l’étape valablement arrivé en énième position. Ayant déjà assez foutu la merde sur le parcours, je ne veux pas en rajouter dans le classement ! Je retourne donc sur mes roues, et je me présente au responsable, bien seul avec son registre sur la ligne d’arrivée. Il me raye de sa liste, et quoique valablement arrivé, me voilà valablement rayé.

En tout cas cette expérience aura été formidable, et intense. J’avais bien vécu l’instant présent, ici et maintenant. Un bon souvenir à l’heure d’écrire ma story-telling.

Nous rejoignons le campement, y trouvons à boire et à manger, et même une petite place pour dormir, après avoir bien assimilé cette ambiance de camp ultra-moderne, peuplé par des Martiens aux vêtements bigarrés, au milieu du désert.

Nous sommes à Nema, près de la piste de l’aéroport, où des avions attendent les stars qui récupèrent et mangent, puis prennent un avion, et couchent et dorment tous les soirs, en ville dans un hôtel confortable.

Pendant que les concurrents indépendants révisent leur moto et éventuellement font de la mécanique, remplacent des pièces défectueuses. etc. et se couchent, pour certains, vers 2 heures du matin.

Justement le matin, réveil vers 5 heures pour le petit dej, la préparation, et le transfert vers la ligne de départ.

Imaginez la forme au réveil de ceux qui ont dû mécaniquer tard hier soir, après 500 km d’étape et avant 500 nouveaux km de piste et de sable, à parcourir sous le radieux soleil qui se lève! Et qui va taper dur. Dur, dur !

Non, le Paris-Dakar n ‘est pas une sinécure.

Définitivement pas un goûter de jeunes filles !

Nous y ferons encore une nouvelle visite, l’année prochaine.

Bintou, ma femme nigérienne. Manipulée. 

Disparue de ma vie, depuis notre divorce. 

Marcelinne, Guinée forestière

95% des guinéenne sont excisées. Record mondial qui m’a découragé.

Koura, sénégalaise. De temps en temps sur Messenger.













Hajiba, Hachim et moi. Sans travail et sans argent, je suis parti.

Hachim, Hajiba et moi : petite famille éphémère, Marrakech.
PS : le bébé est de sa sœur.

Awa, Guinée Conakry, vis mariée en Angleterre.
Heureuse avec un mari et trois enfants.

Kenyatta du Kenya

No comment !

Et X(t) autres rencontres d’un soir : avec t=30 ans en Afrique, X= 100, 200, 300…?       

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