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Niger : qui étaient les six Français tués au sud-est de Niamey ?

Les six Français employés de l’organisation Acted, dont la plus âgée avait 30 ans, sont morts dans une attaque qualifiée de « terroriste », dimanche.

Le Monde avec AFP Publié le 11 août 2020 à 20h34 – Mis à jour le 12 août 2020 à 07h11

Temps deLecture 4 min.

Dans le parc de Kouré, au Niger, le 10 août.
Dans le parc de Kouré, au Niger, le 10 août. STRINGER / REUTERS

Ils étaient jeunes et travaillaient sur un des terrains les plus dangereux d’Afrique : six Français de l’organisation non gouvernementale (ONG) Acted ont été tués, dimanche 9 août, au Niger, ainsi que leurs deux accompagnateurs nigériens. Pour respecter le souhait des familles tout en retraçant le parcours les ayant menés à s’engager dans l’humanitaire, l’Agence France-Presse (AFP) et Le Monde ont choisi de ne pas communiquer leurs noms de famille.

Le président de l’Association des guides des girafes de Kouré, guide depuis 21 ans, et un employé nigérien d’Acted, chauffeur âgé de 50 ans, ont également été tués dans l’attaque de dimanche, qualifiée de « terroriste » par Paris. Les correspondants du Monde Afrique au Niger ont écrit l’émotion de leurs proches dans la région de Niamey.

  • Charline F.

Originaire de Seine-Maritime, cette doctorante de 30 ans, spécialiste des sciences de gestion, a été chargée de travaux dirigés pendant cinq ans, à l’université d’Aix-Marseille, puis a travaillé deux ans à l’ambassade de France au Nigeria avant d’être récemment embauchée par Acted.

« Elle était pleine de vie, pleine de convictions, idéaliste, elle ne supportait pas l’injustice, elle se battait pour ses idées », souligne Sarah, une de ses sœurs, qui indique qu’elle avait pris son poste à Niamey il y a seulement une semaine.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  L’assassinat des humanitaires au Niger, révélateur de la menace djihadiste

« Elle avait déjà voyagé quelques jours au Niger avant de prendre son poste à Niamey, elle avait un fort caractère, toujours partante pour tout, drôle, pleine d’humanité. C’est dur de le dire aujourd’hui mais elle était très vivante », évoque son amie Anna Gomez-Colombani. « Après le Niger, elle avait aussi pour projet de partir vivre en Jordanie où on avait voyagé toutes les deux il y a quelques semaines. Elle ne s’arrêtait pas », ajoute-t-elle.

« C’était une femme de caractère dont sa famille était fière, engagée dans ses recherches en économie du développement, joignant le travail académique au travail sur le terrain », a témoigné son directeur de thèse, Claude Rochet. « Nous ne l’oublierons pas. Nous adressons nos sincères condoléances à son oncle, sa famille, ses amis et ses proches », a écrit l’université Aix-Marseille dans un message publié sur Twitter, lundi 10 août.

  • Stella G.

Stella G. a fait ses études de marketing et de management à Montpellier, sa ville d’origine, puis en région parisienne, avant de se consacrer à partir de 2015 à l’humanitaire. Passée par l’ONG Oxfam en Centrafrique, elle avait aussi été initiée six mois sur le terrain par l’institut Bioforce, a indiqué à l’AFP l’établissement, sis à Vénissieux (Rhône). En 2020, elle avait rejoint Reach, un programme d’analyse de données humanitaires lancé par Acted et par son organisation partenaire, Impact.

  • Nadifa L.

Passée par les entreprises Axa et Veolia, elle a rejoint en 2015 le ministère des armées, principalement à des fonctions financières et de gestion. Elle avait été déployée six mois à Bangui, auprès d’une mission européenne militaire en République centrafricaine.

La jeune femme réalisait en parallèle un doctorat sur « la responsabilité des entreprises exportatrices d’armes » à l’université d’Aix-Marseille. Nadifa L. avait quitté l’armée en février, selon le ministère des armées, avant d’être envoyée six mois sur le terrain au Niger.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Niger : ce que l’on sait de l’assassinat du groupe d’humanitaires dans la réserve de Kouré

Dès le début du mois de décembre, elle avait suivi une formation en anglais (Humanitarian Program Manager) à l’institut Bioforce, près de Lyon, où s’est également rendue Stella G. deux ans plus tôt. Ouvert en 1985, l’institut se présente comme la première école au monde à former des professionnels de l’humanitaire.

En 2008, un membre de Médecins sans frontières passé par BioForce est mort dans l’explosion d’une bombe en Somalie« Plus d’une dizaine de nos stagiaires ont été victimes d’accidents, d’attentats, du contexte sécuritaire difficile. On fera un hommage à Nadifa et Stella, à la rentrée, le 21 septembre », a déclaré le responsable du centre de formation, Bertrand Quinet, au journal Le Progrès, soulignant les risques de l’engagement humanitaire dans des pays en conflits.

  • Myriam D.

Originaire de Toulouse, Myriam D. a fait un master en gestion de crise et conflits à l’université Paris-Dauphine et avait été formée dans différentes ONG en France et en Colombie. Elle avait rejoint Acted il y a deux ans, d’abord à Paris avant de passer par la Tunisie, le Tchad et le Niger, où elle avait été mutée il y a quelques mois.Lire aussi  Les défis de la France au Sahel

« Elle était assez discrète, passionnée, joyeuse, prévenante, à l’écoute. Si tu avais un problème, elle venait vers toi. Déjà, elle était attirée par l’Afrique. Pas étonnant qu’elle se soit dirigée vers l’humanitaire. Je garde un très bon souvenir d’elle », a confié à l’AFP Boris Kharlamoff, collègue de promotion en licence information-communication à l’Institut catholique de Toulouse.

  • Léo R.

« Un engagement », comme fil rouge de son parcours : l’un des plus jeunes du groupe – encore étudiant –, il avait rejoint Acted en tant que stagiaire en 2019, en parallèle de ses études en école de commerce.

Après un semestre de formation au siège d’Acted à Paris, il venait d’être envoyé en tant que « volontaire », au bureau de l’ONG à Niamey, où il s’était spécialisé en logistique. « Il devait être diplômé en 2021… Nous sommes endeuillés par cette nouvelle tragique », a déclaré dans un communiqué son école, la Business School of Rennes.

  • Antonin G.

Normalien, chercheur en économie environnementale et chargé de travaux dirigés dans une université parisienne, ce jeune de 26 ans était originaire de Carhaix en Bretagne. Christophe Hachon, qui l’a eu comme élève de classe préparatoire au lycée Victor-et-Hélène-Basch de Rennes, se souvient d’un jeune homme qui « passait son temps à aider les autres ».Lire aussi  Après l’assassinat au Niger, l’ONG Acted déplore que les humanitaires soient « seuls » face aux violences

« Il n’était pas intéressé par la réussite en soi, mais avait l’idée de faire les choses, dit-il à l’AFP. Il cherchait à savoir en quoi ce que l’on apprend en prépa peut permettre de construire une société au service des autres. »

« C’était un jeune homme merveilleux, brillant et très dévoué aux questions de développement économique de pays en difficulté. Il trouvait cela plus épanouissant certainement que la matière économique, même s’il était un excellent universitaire », témoigne auprès de l’AFP son professeur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (Insea), Geoffrey L. Barrows.Lire aussi  « Les fous d’Allah nous les ont arrachés » : le Niger sous le choc après la mort des humanitaires

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